Trail des lucioles 2005

08/10/2005 Trail nocture
15kms – 650 Dénivelée +

Résultats

ClassementTemps ArrondiNomPrénomSexeCatClubClassement par Cat.
101:30:26TARDIEUVincentMSEENDURANCE SHOP1
1001:34:17COUSSYJérômeMSECIV CHEVREUSE8
2501:40:15DOUCHETThomasMV1CIV CHEVREUSE5
3201:41:08ROBERTLucMV1CIV CHEVREUSE8
7901:48:43BOUISSETEricMV2CIV CHEVREUSE3
15702:00:16MORANDJean-PhilippeMSECIV CHEVREUSE90
16502:01:11VILLAINMarcMV1CIV CHEVREUSE50
23502:08:36MORANDAurélieFSECIV CHEVREUSE11
29802:17:23ESCARAVAGEYvesMSECIV CHEVREUSE141
36402:26:31HELLOClaireFV1CIV CHEVREUSE18
36502:26:33TUNKELROTTMarja-LiisaFV1CIV CHEVREUSE19
37802:30:48EMPINETJacquesMV2CIV CHEVREUSE45
38702:32:16PAGISCathyFSECIV CHEVREUSE28
47103:18:10REISAmandioMSEPASS'RUNNING183

Trail 91 2005

Trail 91 le 10 septembre 2005

Résultats 91 km individuel

Clt.NOMPrénomCat.CLUBTempsMoy.Clas/cat
1LE RUYETMauriceV1MASRTRAIL08:25:1910,81
16APRUZZESESylvieV1FC.I.V.C.-CHEVREUSE10:36:228,581
31PETAZZONIPhilippeV2MC.I.V.C.CHEVREUSE11:46:597,727
61EVANJ-pierreV2M14:31:006,27

Résultats 91 km par équipe

Clt.EquipeNom PrénomCat.DistanceTempsKm/h
102 ASAF 19106:38:1913,71
CrantzSEM2401:42:5413,99
GalyV1M1501:07:1013,4
RetionSEM1601:05:3814,63
De AzevedoSEM23,301:45:0213,31
HazellSEF12,700:57:3513,23
1128-DREAM TEAM9108:10:3111,13
Robert LucV1M2401:56:3812,35
Guillon LucV1M1501:33:359,62
Barre NicoleV1F1601:35:2410,06
Douchet ThomasV1M23,302:01:5711,46
Bouisset EricV2M12,701:02:5712,1
3029-CIV CHEVREUSE9109:15:569,82
Piera SamuelSEM2401:56:4012,34
Leproust PascalSEM1501:26:5810,35
Benmimoum LahouariV2M1602:25:106,61
Aubry Jean-LucV1M23,302:21:199,89
Noyeres AlineV1F12,701:05:4911,58

Témoignage : U T M B 2005 (Eric)

U T M B 2005

Qu’ils soient d’Arrées où du Ventoux, de Saint Michel où de Vénus, j’ai déjà eu part le passé l’occasion d’escalader, de visiter et d’admirer tout ces MONTS que l’on rencontre au cour d’une vie. Mais celui qui mobilisait toute mon attention depuis plusieurs mois était un géant Blanc de plus de 4800 mètres de hauteur.

La folle mission à laquelle j’allai participer avait pour nom de code UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc). Une mission relativement simple dans sa conception, encercler le géant et toutes les murailles qui le protège dans un délai le plus court possible, mais extrêmement difficile et périlleuse à réaliser : 158 km ; 10 cols à franchir ; 8640 m de dénivelé positif ; 3 pays à traverser et un délai max de 45 heures.

Beaucoup des 2000 volontaires au départ de Chamonix ce vendredi 26 aout, ne pourrons boucler ce tour infernal. Et malgré une préparation et un entrainement des plus sérieux, un mental d’acier !…. cette petite pointe de doute plantée au fond de soi :

Serai’ je parmi cette petite poignée qui pourra nouer son fil d’Ariane de retour à Chamonix ?

Ou ferai’ je partie du plus grand nombre d’entre nous, qui aurons vu se briser le fil, ainsi que leurs espoirs de vaincre le géant ?

Chamonix 19 heure : Un moment d’une intensité exceptionnelle, un immense frisson intérieur, la gorge nouée part cet instant magique, transcendé pars un beau soleil d’aout, la musique du film Christophe Colomb et une foule impressionnante. Mon regard croise une dernière fois celui de Tristan, qu’elle intensité, que de mots silencieux « Bonne route, prend garde à toi et que tes forces t’emmènent jusqu’au bout » Enfin, nous pouvons libérer toute cette énergie accumulée pendent toutes ces heures, ces semaines, ces mois d’entrainement.

Les premiers Km, rester calme, partir doucement ! non encore plus doucement !…….. Je m’enivre de ces premiers instants de course ou le corps et la tête fonctionnent parfaitement. Les foulées s’enchainent, Les Houches (km 8, alti 1012m) petit ravitaillement, les premières pentes raides du col de Voza (km 13, alti 1653m) et, comme une récompense pour nos premiers efforts un coucher de soleil fabuleux. Une lumière extraordinaire, rouge orangée éclaire les sommets enneigés qui se détache sur un ciel d’un bleu pur. Km 20, la Villette, « ralenti, t’es trop vite, RA…LEN…TI !!! »

Les Contamines 3 h 30 de course (km 25, alti 1150m) premier gros ravitaillement. Qu’elle ambiance, beaucoup de monde dans les rues, ça crie, ça tape dans les mains, plein de lumières, un orchestre au top de sa forme. Ca donne envie de rester, mais bon encore plus de 130 bornes à avaler, allez c’est reparti.

Bon là, c’est du sérieux : Notre Dame de Gorge (km 29 alti 1210m) ; La Balme (km 33 alti 1706m) ; col de la Croix du Bonhomme, (km 38 alti 2479m), plus de 6 h de course. Je prends le temps de me retourner dans la montée du col pour admirer cette immense guirlande lumineuse qui serpente à travers la montagne. Très grosse descente technique et glissante (930 m de D – ) sur les Chapieux et très grosse chute, 5 / 6 m dans la caillasse. Le pouce et la fesse gauche ont morflés, la frontale à volée et le bâton droit est méchamment tordu. Ouah………… la décharge d’adrénaline « calme toi, et Bordel de merde RALENTI. et Sylvie, elle t’a dit quoi : fait attention à toi ! Alors «

Les Chapieux 2 éme gros ravito (km 44 alti 1549m) 7h 13 depuis Cham. Soupe, saucisson, pain, compote, chocolat et c’est reparti. Il est presque 3 h du matin . Les 7 km qui nous conduisent au refuge des Mottets se ferons sans frontale. La nuit est superbe, toute étoilée avec un joli quartier de lune, suffisant pour éclairer notre route. Devant nous le col de la Seigne ( km 54 alti 2516 m) Premier coup barre sérieux à 800 m du sommet. Arrêt, boisson et pastilles énergétiques, quelques flexions de jambes, allez l’Italie est de l’autre coté. Refuge Elisabetta (km58 alti 2200 m) petit arrêt, soupe quand même et direction un autre gros morceau : l’Arète du Mont –Favre ( km 63 alti 2435 m) Pendant l’ascension le jour se lève, magnifique, les jambes commencent à faire mal, mais bon on a 9 bornes de descente pour arriver à Courmayeur et la je remets toute la mécanique à neuf !!!

Arrivée à Courmayeur à 7 h 50 ( km 72 alti 1190 m) Les 1240 m de dénivelés négatifs ont été très dur mais le sourire et les encouragements de Sylvie me font un bien immense. Je récupère mon sac avec mes affaires de rechanges. Dans les vestiaires je retrouve Tristan, nos regards se croisent, ce n’est plus le même qu’au départ, près de 13 h de course sa secoue déjà pas mal. Nous prenons quelques secondes avant de pouvoir parler « c’est pas gagné ! ». « Non t’as raison c’ est pas gagné !!! » Je vais rester près d’une heure, pour prendre une douche, me changer, manger, me masser et me recharger des mots d’encouragement et de motivation de Sylvie et Valérie. Merci les filles ça fait du bien. Près de 300 d’entre nous n’arriverons pas à Courmayeur et plus de 450 ne repartirons pas.

Il est 8 h 55, un dernier baiser de Sylvie et je quitte la base. Plein d’encouragements de coureurs qui se dirigent vers le car qui repart sur Chamonix, très gros frisson dans le dos. Et moi c’est pour quand ?

Concentration maximum, j’attaque la fameuse montée sur le refuge Bertone : 800 m de dénivelé en 5 km. Fait chaud, mais ca monte pas trop mal, reste calme, tranquille.

M…de ! c’est long quand même. 10h 20 enfin le contrôle au refuge Ouf ! Devant moi un très beau sentier en balcon ,12 km à 2000 m d’altitude, direction le refuge Bonatti ( km 84 alti 2020 m) puis descente sur Arnuva au pied du Grand Col Ferret.

On est samedi 13 h et je démarre l’ascension du Grand Col Ferret point culminant de la course à 2537 m. Rester calme, gérer les quelques forces encore disponibles et puis attendre, laisser défiler les mètres et les minutes qui nous conduisent au sommet, frontière Italo Suisse.1 h 30 pour faire les 4 km. Un grand coup de chapeau et quelques mots d’encouragement pour les bénévoles qui sont là. Comment font ‘ils pour rester si longtemps ? Admiration.

Le moral est bon et le physique n’est pas catastrophique, il me reste un peut de force pour attaquer la descente vertigineuse de 19 bornes et 1387 m de D – , pour atteindre Praz De Fort. Je m’étonne de pouvoir courir encore aussi souvent Dans le milieu de la descente le ravitaillement de La Fouly, plutôt bien venu, et en plus les filles sont là. Sylvie est venue à ma rencontre et fait un petit bout de chemin jusqu’au ravitaillement. C’est bon de pouvoir parler, raconter un peut ce que l’on est entrain de vivre et avoir des nouvelles des copains. Peu de monde au ravitaillement et des tables de kinés libres j’en profite pour me faire masser, mes jambes commencent à être sérieusement lourdes. Sylvie refait le plein de mon Camel, une boisson énergétique dans ma gourde et allez en route pour les 17 km qui nous reste avant Champex prochaine grande base de ravitaillement. Le reste de la descente ce passe plutôt bien, j’arrive à trottiner régulièrement, mais la montée sur Champex est terrible mes dernières forces se sont évanouies et c’est à l’arrache que j’arrive à la base de Champex ( km 119 alti 1391 m)

Il est 19 h 10 plus de 24 h de course, le sourire de Sylvie, les supers bénévoles qui m’encouragent et me tendent mon sac d’affaires de rechanges n’arrivent pas à estomper ce doute qui s’installe en moi : comment faire pour aller plus loin ? Avec qu’elles forces ?

La motivation reviendra quand Tristan, arrivé 1 h avant moi, proposera que l’on reparte ensemble pour affronter la 2ème nuit à deux. Après plus d’une heure d’arrêt il presque 20 h 30 quand nous quittons la base. Nous estimons à 10 h le temps pour faire les 40 derniers km. La pluie a fait son apparition pars intermittence depuis la fin d’après-midi, mais dès les premières pentes de la montée sur Bovine les robinets sont ouverts en grand. Cette montée sera apocalyptique ! Pluie battante, boue, blocs de rochers, brouillard, 2 heures de lute dans la bouillasse……… interminable !

L’eau et la boue rendent les descentes très périlleuses et malgré les battons d’une grande utilité, touts nos pas, touts nos appuis sont aléatoires, glissades et chutes n’épargneront personne. Calé dans le sillage de Tristan, ou coincé dans un petit groupe de coureurs j’avance tant bien que mal. Mon instinct de coureur me permet d’avancer sans trop réfléchir heureusement si non …………… ? Ravitaillement de Trient ( km 132) Sylvie et Valérie sont là, c’est bon de les revoir. Ambiance très particulière dans ce ravitaillement, ça sent le fromage à raclette il y a plein de chose à manger, de la musique, une piste de danse avec quelques bénévoles qui s’agitent, un bar avec une brochette de gars accoudés. Robert, un coureur de Bures avec qui j’ai fait un bon bout de chemin dans la journée arrive et me dit qu’il va prendre une bière et que c’est bon pour ce qu’on a. Alors, vas pour une bière( vu dans l’état dans lequel je suis ). Sur ce arrive Jérôme et ses deux acolytes d’Endurance Shop et nous voyant à la bière s’y mette aussi ! Il est minuit passé il est tant de repartir.

Une bonne montée sur les Tseppes, puis descente sur les Esserts et Vallorcine ( km 142 alti 1260 m) le tout sous la pluie dans la boue, la gadoue et le brouillard. J’ai de plus en plus de mal à rester au contact derrière Tristan. C’est dans un piteux état que j’arrive au ravitaillement de Vallorcine. Les bénévoles s’aperçoivent de mon état et me prennent en main immédiatement. Un kiné sur chaque jambe, une infirmière vérifie mon taux de glycémie et me pose plein de questions pour faire un bilan de mon état physique et mental. Sylvie arrivée entre temps, ne prend position ni pour l’infirmière qui aimerait me voir m’arrêter, ni pour moi, qui petit à petit retrouve mes esprits et quelques forces pour espérer aller au bout. On m’oblige à me ravitailler copieusement, soupe, saucisson, pain, banane, chocolat le tout arrosé au coca Il est 3 h 30 du mat, Tristan a les yeux qui clignotent pas mal, le manque de sommeil commence à ce faire sérieusement sentir. Les filles nous encouragent du mieux qu’elles peuvent, elles savent que c’est la dernière ligne droite, nous ne nous reverrons plus avant Chamonix.

Le col des Montets ( km 146 alti 1461 m) Argentière ( km 149 alti 1260 m) dernier ravito. Assis sur un banc, l’air hagard, mes battons sur les genoux, je regarde Tristan boire un double café pour combattre les assauts du sommeil. Direction Chamonix, un peut de route et puis un chemin en balcon plein de cailloux. Une succession de petites montés et descentes, j’en peux plus, mes jambes ne veulent plus fonctionner ma tète non plus. Le chemin repart sur la droite ça monte dur. Trop dur pour l’état dans lequel je me trouve. Stop, je disjoncte, j’appelle Tristan, nos regards se croisent une nouvelle fois « Pardon !mais pour moi ça s’arrête là ! » Il a compris que j’étais au bout, mais il sait que je finirais cette course. Je le regarde s’éloigner, nous nous retrouverons derrière la ligne magique. Les derniers instants de course sont indéfinissables très intérieurs, un mélange de plaisir intense d’avoir réussi, noyé dans une souffrance que l’on a appris à apprivoiser au fil des heures.

Voilà c’est fait, je viens de passer sous l’arche d’arrivée que j’avais franchie dans l’autre sens il y a 36 heures et 40 minutes. Je viens de vivre des moments les plus intenses de ma vie. Je voudrais dire merci à ceux avec qui je les ai partagés et qui mon certainement permis d’aller au bout. Merci à toi Tristan, cette 2 ème nuit aurait surement été beaucoup plus dure et plus longue seul, tu es pour beaucoup pour ce super chrono (pour moi !). Merci Sylvie pour ta présence et tout ce que tu m’as apporté tout au long de cette course. Merci Valérie pour tout tes encouragements à chaque ravitaillement.

E.B

Témoignage : ULTRA TRAIL du MONT BLANC 2005 (Sylvie)

ULTRA TRAIL du MONT BLANC…Vu de l’extérieur

 Tout a commencé l’année dernière ou certains de nos CIVC ont décidé de se lancer dans l’aventure, et quelle aventure…158 kms, délai maximum 45 heures, et 8600 mètres de dénivelée !

Sans compter les trois mois d’entraînement acharné, soir et week-end…, UTMB…tous en orbite autour de ce projet de malade !

Jeudi 25 août, veillée d’armes à Combloux en compagnie de Tristan et Eric, nos deux compères sont confiants, ravis l’un et l’autre de se mettre sur la ligne de départ sans blessures. Nous avons également pris des nouvelles de Jérôme et de Franck, qui eux ne sont pas à leur coup d’essai, mais à leur deuxième participation. Ils sont conscients de se lancer dans une belle aventure, tout en souhaitant la terminer dans le temps limite. Ce soir là que de messages d’encouragements, chacun y va de son commentaire.

Demain nous retrouverons le reste de la bande.

Vendredi 26 août.

Le grand JOUR, ça s’agite dans tous les sens, préparation des barres énergétiques, carte d’identité, casquette, bref, les derniers préparatifs. Tristan constate une fois de plus que son sac est bien gros, il regrette de ne pas avoir réussi à y mettre sa bouée, ni sa poupée gonflable ! Il est grand temps que la course démarre, les voila bien atteints !

Nous ne sommes plus qu’à 1h30 du départ, je n’ai jamais vu autant de jambes, pour m’occuper, je les compte une par une….j’en profite également pour admirer la gente masculine et féminine….Trêve de plaisanterie. C’est très impressionnant. Je finis par les laisser tous, maintenant je deviens spectatrice et accompagnatrice. Auprès du départ, il y a foule, le soleil est de la partie, la météo est annoncée bonne.

19 heures, le départ est donné, je cherche du regard mes têtes connues, la plupart du temps ce sont elles qui me trouvent la première, les premiers encouragements, un petit pincement au cœur, un bref regret…j’aurai du m’inscrire ???

23 heures, je suis rejointe par Valérie, nous partons pour Courmayeur, en Italie…Bungiorno, come ma…vu l’heure à laquelle nous arrivons, c’est plutôt buonasera, buona notte !

L’attente commence, COURMAYEUR, première étape et premières heures de sommeil prévues pour nous, mais allez, mettre deux nanas dans une voiture la nuit ! Trop de bla, bla bla…

COURMAUYEUR est un point de ravitaillement amélioré, massages, douches, repas chaud, le problème c’est que c’est au 72ème kms ! Vers 3h15 du matin, cela s’agite autour des voitures dortoirs, le premier est annoncé, je décide d’aller voir, le démon de la course me prend. J’abandonne Valérie, il est vrai que nos hommes respectifs nous ont donné des plages horaires d’arrivée, donc nous avons encore le temps, mais voir la course, je ne peux pas m’en empêcher. Il fait nuit noire, quelques étoiles, le ciel est relativement dégagé, on aperçoit quelques lucioles…non ce sont les coureurs, au début je compte, je regarde ma montre, je discute avec d’autres personnes….puis enfin le premier CIV…le « Jérôme » à 6h49, quelques mots, il a l’air bien, nous demande si il est le premier de Chevreuse à arriver, je confirme. De nouveau l’attente, puis Tristan à 7h13, fatigué mais heureux de nous voir. A 7h51 j’aperçois enfin Eric qui n’a pas encore pris le virage pour le petit raidillon, je l’encourage, il finit par me voir : « ha tu es là toi…. » Visiblement déjà marqué, mais tout comme les compères précédents, heureux de nous savoir là, toutes les deux. Nous les retrouvons à l’intérieur du complexe, que de coureurs et de bénévoles et d’agitation. Nos garçons sont emplis de doute quand à l’issue de la course…. Après une heure environ de repos, douche, ravitaillement, ils repartent, il est au alentour de 8h30. Nous n’avons toujours pas vu Franck arriver, mais nous ne sommes pas inquiète, nous supposons qu’il est parti plus prudemment que les copains.

Nous repartons, notre marathon de suiveurs commence… Direction la suisse (essayez de mettre l’accent !), via le tunnel du grand St Bernard…et des tunnels nous en avons traversé, des grands, des petits, des moyens, hein Valérie ? Bref, après 3h de voiture enfin nous y voila à « LA FOULY » 102ième kms, joli petit village suisse ou nous avons prévu de retrouver les garçons, et l’attente recommence…..donc pour tromper l’attente on se restaure…, (vu que le petit déjeuner fut frugal), et, la restauratrice n’oubliera probablement pas ces deux clientes, qui, au moindre mouvement humain à l’extérieur bondissaient de leur chaise, allant parfois même jusqu’à jaillir hors de la salle pour encourager le coureur attendu….ou qui lui ressemblait.

Ceux que nous voyons arriver semblent bien fatigué, nous essayons de calculer le temps qu’il faudra à chacun de nos CIV. Tristan arrive le premier, Valérie l’accompagne en footing jusqu’au pointage, il est suivi de Jérôme et de ses copains Dimitrio et Thierry. Pour tromper le temps je remonte le parcours pour aller à la rencontre…je l’espère d’Eric…si, si le voila, je l’accompagne à mon tour en courant jusqu’au pointage. Ravitaillement et massage. Zut, la pluie ; l’après midi est déjà bien avancé, les garçons sont tous repartis accompagnés de nos encouragements.

Direction pour notre part à « CHAMPEX d’EN BAS », Valérie me fait remarquer le parcours, en effet nous apercevons sur notre gauche à flanc de montagne, des coureurs, la pente semble bien difficile, en attendant le paysage est magnifique…. Ont-ils le temps de l’admirer lorsque la fatigue s’installe ?

CHAMPEX, 119ième kms, nous décidons de dormir un peu, la voiture est garée de telle manière que nous ne risquons pas de le manquer. La pluie tombe toujours…cela veut dire que leur deuxième nuit va être sympathique. Il est environ 19h, ce samedi 27 août lorsque nos différents compères arrivent, sont pas beaux à voir…il leur reste 39 kms à parcourir, certains pourrait vous dire, mais c’est moins qu’un marathon…. ! N’empêche qu’ils vont mettre entre 13 et 14 heures pour rallier l’arrivée !

Tristan et Eric commencent à être bien entamés…., (ha bon !), et décident de repasser la seconde nuit…ensemble, ce qui dans ce contexte, nous rassure !

Jérôme est complètement cassé mais est toujours très inquiet de notre « bien être : ça va Sylvie, tout va bien ? Oui Jérôme, pour nous pas de problème, nous nous allons bien, tant que vous allez bien ». Tout le petit groupe repart dans « un mouchoir de poche » Nous apprenons que Franck continue son parcours, dommage que nous ne puissions le voir.

Pour nous en avant vers TRIENT (toujours la suisse…) 132ième km, (c’est assez rapide en voiture… !) la nuit est tombée, la pluie continue elle aussi. De temps en temps un petit ruban lumineux apparaît, des lucioles…par un temps pareil ! Il est près de minuit lorsque nous voyons enfin nos lucioles, non mais…épuisées les pauvres bêtes ! Allez les garçons plus que 26kms…, nous y allons de nos encouragements, c’est tout ce que nous pouvons faire, bien impuissantes. Tristan se décide enfin à retirer le caillou de sa chaussure, Eric nous confiera à l’arrivée que la gêne occasionnée par ce caillou lui faisait oublier provisoirement ses maux de genoux. Il faut du courage aux garçons pour quitter ce refuge ou règne ou bonne odeur de raclette !

Nous les retrouverons à VALLORCINE au 142ième kms. Gros dodo pour les filles ce qui nous fait manquer l’arrivée des garçons, ils y sont vers 3h du matin le dimanche 28 août ; nous les retrouvons à l’intérieur du point de contrôle, Jérôme tient debout parce que c’est la mode, Eric est en main avec deux masseurs et une infirmière (je le reconnais bien là…) à ce qu’il paraît la décharge électrique qu’il s’est prise sur une clôture de pré n’a pas suffi à le remettre d’équerre ! Tristan semble a peu près potable, Dimitrio toujours sourire attend, Thierry semble tenir le choc ; bref, le vrai bonheur. Grand moment de doute pour Eric, l’infirmière essaie de me rallier à ce qu’elle souhaiterait…, qu’il arrête. Je ne dis pas un mot, je me garderai bien de donner mon avis, je sais les sacrifices qu’Eric a du faire, c’est à lui de voir. Le test « glycémie » est bon, il repart avec ses petits camarades après ravitaillement, mais que cela risque d’être difficile, il reste 16kms…..

Nous irons directement à l’arrivée à CHAMONIX, « CHAM, pour être in.. » nous avons cependant hésité à nous arrêter à Argentière (149ième kms).

L’attente recommence, nous voila sur le parking de la patinoire, Valérie décide de dormir, il est vrai qu’elle a fait le chauffeur durant ces deux jours et qu’elle doit repartir ce dimanche soir. Pour m’occuper l’esprit, je prépare le sac « arrivée » d’Eric, je range, j’essaie également de me reposer, puis je me décide à aller au centre d’accueil. Il y a des dortoirs d’installés pour les coureurs, les rares personnes debout sont les accompagnateurs, nous sommes tout silence. J’allume mon portable, je le mets en charge et là les messages des copains m’arrivent, je rappellerai tout à l’heure, je ne vais tout de même pas téléphoner à 5h du matin ! (Quoi que ?)

Puis direction l’arrivée, il pleut toujours, nos pensées sont avec les garçons, vont-ils tenir ? Si oui dans quel état….6h….7h….toujours pas de CIVC en vu. Nous applaudissons ceux qui les précèdent, puis nous apercevons Jérôme, Dimitrio et Thierry, là nous y allons de nos encouragements, pour eux c’est fini, Tristan arrive à son tour, suivi d’Eric…..le soulagement. Intériorisées pour Tristan ou chaudes larmes pour Eric, les émotions sont les mêmes….Pour nous aussi d’ailleurs.

Ils l’ont bouclé leur petite ballade en 36h40 (et quelques minutes…), un seul mot BRAVO qui en regroupe d’autres. Beaucoup de douleur, de doutes, mais à la fin certainement du bonheur d’en avoir terminé avec soi-même. La déception c’est que nous apprenons que Franck a abandonné au bout de 120kms, mais BRAVO à lui également, il fallait également les parcourir tout ces kilomètres. Après les messages des copains, le repos bien mérité. Ce soir nous nous retrouverons tous pour la soirée de clôture, également très sympa.

Voila c’est fini, Jérôme, je te rassure…je vais bien !

Valérie, merci de ta bonne humeur, je pense que nous avons passé un bon moment, même si les heures de sommeil de nos deux nuits d’accompagnateurs se comptent sur les doigts d’une main !

Et puis vous les traileurs fous, merci de ce que vous nous avez apporté, une très belle leçon de courage…ou de folie ? A l’année prochaine ????? Je rigole, bien sur ! ( ?).

Valérie, Sylvie

Témoignage : ULTRA TRAIL du MONT BLANC 2005 (Tristan)

ULTRA TRAIL du MONT BLANC : le départ

18 H 30 : Rassemblés sur la place de l’ église de CHAMONIX, nous écoutons les dernières consignes de course. Pour les 2000 participants, c’est l’objectif sportif majeur de l’année 2005.

Certainement bien plus pour l’immense majorité des coureurs : La course qu’il faut avoir, non pas faite, mais avoir vécue et, rêvons un peu à 30 minutes du départ, terminée une fois dans sa vie.

L’ultra Trail du Mont Blanc : 158 km, 3 pays traversés, 8 500 mètres de dénivelée positive. L’année dernière, avec une météo idéale, 25 % des partants ralliaient l’arrivée !

Le vainqueur de l’année dernière monte sur le podium surplombant le départ pour nous prodiguer conseils et encouragements. Au-dessus de nos applaudissements, il se pose en « César » que ses sujets saluent … avant de mourir !

On est bien d’accord, on ne pense jamais, à ce moment là, aux derniers …

Normal, me direz-vous, la compétition sert à reconnaître les meilleurs. Mais le sport peut être vu sous différents angles, même si le plus commun est celui de la performance sportive. N’empêche, même quand on le pratique en compétition, il ne sert pas nécessairement qu’à cela.

Dans le sas du départ, j’observe et il n’y a pas beaucoup à chercher : Le calme n’est qu’apparent ; derrière ces visages concentrés à ce prétexte de confrontation sportive, il y a de sacrés personnages. Pour nous tous, le Tour du Mont Blanc est un morceau tellement consistant qu’il nous a fallu de l’audace, voire du courage, pour se lancer dans cette aventure. Accepter et faire accepter aux conjoints les sacrifices inhérents à un tel projet.

Il y a ceux, j’en fais partie, qui en ont tellement entendu parler, qu’il faut qu’ils la vivent une fois ; il y a ceux pour qui un bon classement, ou améliorer celui de l’année dernière, est l’objectif ; il y a ceux dont l’objectif est de terminer dans les délais ; ceux qui, sous le coup d’un abandon l’année dernière, repartent avec la volonté de, cette fois là, finir ; il y a celles, entraînées dans cette folie par un mari ou un ami, qui se fixe Courmayeur (71 Km) en espérant juste être dans les temps.

Ils y a ceux … ils y a celles … Hormis 4 coureurs qui viennent pour gagner et peuvent prétendre à la victoire, il y a 2000 histoires différentes qui portent les noms de : Défi, pari, fête, voyage, course, randonnée, découverte de soi, pèlerinage, etc.

A dix minutes du départ, ces 2000 histoires différentes, ces 2000 personnes, ont un dénominateur commun : l’incertitude ; elle se lit sur tous les visages. C’est une communion générale placée sous le signe de l’inquiétude ; elle est palpable, c’est un couvercle qui nous oppresse, une véritable chape dont on ne s’échappera qu’une fois parti. A cette heure, aucun concurrent ne peut pronostiquer s’il finira. Oser parler de chronomètre à ce moment là serait déplacé ou très prétentieux !

L’incroyable énergie physique, la détermination, le calme affiché par tous, transpirent dans le brassage humain du sas de départ. Aucun ignore cependant qu’il lui faudra aussi serrer les dents pour arriver au bout.

A une minute du départ, l’attention de tous se focalise sur le directeur de course, le vainqueur de l’année dernière redescend se placer avec nous sur la ligne de départ.

C’est sûr, le vainqueur de l’UTMB n’est pas n’importe qui …

Mais le dernier de l’UTMB n’est pas non plus n’importe qui.

5-4-3-2-1 Boum. Dans les watts débridés de la sono, 2000 histoires débutent, 2000 scénarios vont s’écrire dans l’encre de la nuit, se dessiner au pinceau tremblotant des lampes frontales, où la chance, les jambes, le mental, vont se disputer tour à tour le premier rôle.

Tristan.