UT4M : 170 kms (en principe) et le joli dénivelé de 11 000D+. Si vous calculez, cela fait 4 sympathiques étapes de 42,5kms pour un peu plus de 2500 de D+ par étapes. Enfin tout cela est indicatif, car tout un chacun sait que sur un trail… Il y a toujours « la cerise sur le gâteau… ». Le principe parcourir les 4 massifs autour de Grenoble : Vercors, Oisans, Belledonne et Chartreuse.
Bref, nous y voilà, par ordre d’apparition : Eric Bouisset, Raphaël Khan, Pascal Petit et moi… (oui, je sais j’avais promis de ne plus faire d’ultra… mais avouez que celui-ci en quatre étapes était tentant !).

Mercredi 16.08.17 – Première étape : le Vercors
Départ Grenoble – Arrivée Vif.
Le départ est donné à 8 heures de Grenoble, nous commençons par une portion de route avant d’entamer la première montée vers St Nizier environ 1000m de D+. Mes petits camarades sont devant et je fais mon maximum pour ne pas me laisser entrainer par cette portion « roulante ». Ma galère commence rapidement au cours de la première montée, je n’arrive pas à trouver le rythme, je me fais dépasser et je sens que je pars à la dérive. Il fait chaud et malgré les paysages magnifiques, je ne profite de rien. La montée par les escaliers d’une piste de saut à ski n’arrange rien à mes sensations. Je suis néanmoins encore avant les barrières horaires mais je me pose par mal de questions sur la suite du parcours.
J’atteins péniblement Moucherotte, déjà 1700m de D+. Première descente assez roulante avant d’arriver au second ravitaillement. Je repars, je ne suis qu’a la moitié du parcours. S’enchaine péniblement pour moi la montée au Pic St Michel et ensuite une descente caillouteuse. Je suis rejointe dans la descente par une féminine qui m’explique qu’elle a eu pendant un long moment les « serres – fils » derrière elle. Nous arrivons toutes les deux à Montagne d’Uriol où la barrière horaire est à 17h30 et il est 17h40. C’est assez bizarre, je suis soulagée. Je me dis que je vais être arrêtée et que la décision ne viendra pas de moi… mais de l’organisation ! Cependant, les serres fils n’étant pas arrivés on nous autorise toutes les deux à repartir, donc nous serrons les « dents » et repartons pour l’ultime petite montée où je tomberai en panne d’eau ! Isabelle qui est originaire du Nord transvase une partie de son camel vers le mien pour que je puisse m’hydrater correctement jusqu’à la fin.
L’arrivée à Vif doit se faire avant 20h00. Nous y arrivons toutes les deux à 19h40, avec 20 minutes d’avance sur l’ultime barrière horaire de la journée, épuisées mais ravies d’en avoir terminé. Mais galère de galère, le bus qui doit ramener les coureurs sur Grenoble est parti à 19h30 ! Balot hein ? Bref, après quelques péripéties j’arrive à la location vers 21h30 complètement épuisée et ne sachant pas si je repartirai le lendemain. L’étape est annoncée difficile et j’ai mis 11h40 pour terminer celle-ci… 45kms et 2500 de D+…. Donc ?

Mes petits camarades sont également fatigués. Raphaël a eu des soucis digestifs, et par conséquent n’a pas pu s’alimenter correctement, a terminé comme moi au mental. Il paraît que la nuit me portera conseil pour prendre ma décision. Je sais que si je ne prends pas le départ de la seconde étape, je ne serai pas classée sur le challenge et je ne sais pas si je pourrai après peut être une journée de repos, prendre le départ de la troisième et/ou de la quatrième en dehors du challenge.

Jeudi 17 août – Seconde étape : l’Oisans.
Départ Vif – arrivée Ripérioux
Lorsque le réveil sonne, je n’ai toujours pas pris ma décision. Je me lève en même temps que les garçons et déjeune avec eux. Eric me conseille la journée de repos. Je lui avance mon inquiétude sur le fait de pouvoir continuer ensuite.
Je les regarde partir en me disant qu’il ne faut pas regretter ma décision. Eric me contactera ensuite avant leur départ pour m’indiquer que je peux obtenir deux autres dossards pour les dernières étapes. J’apprends que Raphaël a pris la même décision que moi. La journée se passe, cela me paraît long. Il fait toujours aussi chaud et j’ai une petite pensée pour mes petits camarades en course. Pascal et Eric prendront le temps de faire un « selfie » et me l’enverront.

OisansOisans

Les paysages sont magnifiques ! J’attends avec impatience leur arrivée. Ils termineront bien cassés, le parcours a été plus long et les temps de course aussi.

Vendredi 18 août – Troisième étape : Massif de Belledonne
Départ Ripérioux – arrivée St Nazaire les Eymes.

Il faut tout de même préciser un point important : chaque matin, l’étape du jour repart de l’arrivée de la veille, tout le monde suit ? Donc, lorsque le départ est annoncé à 8h00 ou 7h00 si nous souhaitons prendre les navettes. Nous devons nous lever tôt, très tôt… Depuis la seconde étape Sylvie Petit, toujours égale à elle-même, nous emmènera sur les lieux de départ, nous permettant ainsi de gagner jusqu’à 1 heure de sommeil ! Merci à elle.
Nous voilà à Ripérioux. On nous annonce de l’orage pour la fin de l’après-midi. Nous serons déviés sur le parcours et nous ne monterons pas au « Grand Colon », ce qui semblerait dire plus court et moins de dénivelé.
Bref, pour débuter cette première étape, après un petit tout dans le village, nous attaquons le kilomètre vertical, environ 1100 m de D+ sur environ 2,5 kms. Autant vous dire que cela monte ! Tantôt sur la pointe des pieds, tantôt « normal ». Mes sensations ne sont guères différentes de la première étape, mais je m’accroche autant que je peux. Premier ravitaillement de cette étape, un coup de fil de ma fille me redonnera du courage. Je repars vers la croix de Chamrousse, encore 700 de D+ à avaler. Nous passons aux abords d’un petit lac, le paysage est magnifique.

Croix de Chamrousse : du public, du vent et le ravitaillement. Il est 12h45 lorsque je repars, la barrière est à 13h00. Longue descente sur une piste noire de ski, un peu chiant. Je croise les coureurs inscrits sur le 100kms. Toujours de la descente, pour nous éviter de monter au Grand Colon, l’organisation nous fera prendre une longue route forestière en légère descente. Un point d’eau improvisé (car changement de parcours) et je repars vers Freydières. J’ai récupéré un peu sur la barrière horaire, mais au passage j’apprends que le kilométrage passera de 42kms à 47kms… Je fais du yoyo avec les coureurs de la Réunion, qui eux soit dit en passant, poussent, tirent par endroit des joellettes… Cela fini par devenir un jeu avec le traceur de la Diagonale des Fous, ses petits camarades et moi. Entre temps, l’orage éclate. Je ne cherche même pas à mettre ma veste appréciant la fraicheur apportée par la pluie. J’arrive au Versoud, plus que quelques kilomètres avant l’arrivée à St Nazaire Les Eymes. Forte de mon expérience de la première étape, je n’arrête pas de me répéter, il faut que tu arrives avant 19h30. Hé oui, la navette à ne pas louper.
Je passerai la ligne d’arrivée au bout de 10h53 de course (?) Si l’on peut appeler cela de la course…Bref, je récupère mon tee shit « finisher » de l’étape et je me dirige vers le ravitaillement d’arrivée où j’y retrouve Raphaël, mal en point, soucis d’alimentation. Nous prenons le temps d’avaler une soupe avant de prendre la navette qui nous ramènera vers Grenoble. Je contacte Eric pour le prévenir que je suis en route. Il m’apprendra qu’il se trouve dans la navette précédente et que lui aussi a eu des soucis d’alimentation. Pour Pascal, cela a été visiblement. En arrivant à la location, je crierai aux garçons : « A mon tout de sentir le fauve ! »
Malgré tout, j’ai mieux vécu cette étape, même si le « chrono » n’a rien de sensationnel !

Samedi 19 août – Quatrième étape : La Chartreuse.
Départ St Nazaires les Eymes – Arrivée à ???? Grenoble !!!

Enfin la dernière, une superbe ambiance sur la ligne de départ. Photos, encouragements entre petits camarades et hop sur la ligne. Je retrouve ma petite camarade d’infortune de la première étape, Isabelle. Nous sommes ravies toutes les deux de nous revoir

Première montée. Je ne vous parlerai pas de mes sensations, mais j’arrive péniblement, après un début de montée correct, au premier ravitaillement. Là, j’en ai marre de marre… la première question que je pose en arrivant :

« Y a-t’il moyen de se faire rapatrier ? »
« Se faire rapatrier, mais pourquoi donc me dit le chef de poste de poste ? »
« Des comme toi, je n’arrête pas d’en voir depuis ce matin… donc que veux-tu que l’on t’apporte :
soupe, coca ????
»

Je craque, j’en ai marre, je pensais être préparée ? Pas assez ? De trop ? Pas arrêtée à
temps la préparation ? Bref, je prends la soupe que l’on me tend gentiment et attend que le moral remonte un peu, ce qui me permettra peut-être de continuer. A côté de moi, une féminine abandonnera. Au bout d’une vingtaine de minutes, je décide de repartir. Le chef de poste me criera : « Super, tu me fous des frissons ». Ah je peux encore donner des frissons ???

Direction « Chamechaude », petit point culminant à 2000 mètres.

La particularité c’est que vous croisez ceux qui descendent, alors que vous, vous montez… Enfin pour moi ! Donc, je vais rencontrer successivement : Pascal, à qui de dirai « Ras le bol », puis Eric, suivi de la petite camarade du GAG, Béatrice (qui elle a super gazée). Eric, histoire de me remonter le moral, me dira : « tu n’as pas fini de monter… » Du coup, je ne regarde pas en haut, je mets mon regard à deux mètres devant moi et j’avance… Puis le chemin des descendeurs et des monteurs se sépare. J’apercevrai Raphaël, lui a déjà bien amorcé la descente. Enfin le haut, vue magnifique comme tout au long du parcours. Puis longue descente, je perds ma superbe casquette rouge du CIVC. Non, non je ne remonterai pas la chercher…
S’enchaineront Fort du St Eymard après une remontée, encore 500 de D+ ; puis enfin la descente qui nous amènera vers Grenoble. Au col de Vence, je passerai un coup de fil à Eric, pour lui indiquer qu’il me reste environ 12 kms. Il est 17h00, la barrière horaire à ce ravitaillement est à 17h45…Vu mon état, je me rassure en me disant un bon marcheur marche à 6kms/H… donc j’en ai pour deux heures.

La Bastille, vue magnifique sur Grenoble, je rattrape quelques filles qui sont comme moi sur l’étape du jour. Rassurant ? Il reste 5kms pour l’arrivée. En bas nous passeront le long de l’Isère, les kilomètres ne défilent pas assez à mon goût. Le tracé remonte sur un talus et en tournant la tête, j’aperçois Raphaël !

IMG_0815

Super nous terminerons ensemble. Encore 1,5kms. Je veux absolument terminer avant 19h00… donc nous courrons. L’entrée dans le parc, encore des zigs et des zags. Je dis à Raphaël que je pense que Pascal et Eric seront là. Effectivement j’entends les : « Allez Chacha ! Allez Raphaël !» d’Eric et de Pascal.

Nous passons la ligne ensemble après 10h58 de course, 45kms et 2500m de D+.

IMG_2996Fatigués, certainement un peu déçus de ne pas avoir pu faire les quatre étapes. Mais trois, je peux vous dire que ce n’est déjà pas mal.

Bravo à Pascal et Eric d’en avoir terminé des 4 étapes, merci à Sylvie Petit de son éternelle disponibilité.
Pascal et Eric terminent respectivement 143ième et 176ième sur le challenge sur 247 arrivants (328 partants).
Maintenant dire qu’un ultra en étapes est plus facile que l’ultra d’un seul coup, je ne m’y engagerais pas et pourtant je connais les deux formules. Je laisse le soin à chacun de faire sa propre découverte… Enfin si cel vous tente… bien évidemment !

SA