Témoignage : Vulcain 2006 (Michel)

Histoire de la petite aventure d’une grande équipe..

Ca y est, c’est le grand jour, il est 10h du mat, ce samedi ,RV à la mare aux canards, et c’est parti pour VOLVIC…

A mi parcours, on est déjà sous les intempéries neigeuses, l’autoroute est heureusement roulante..

On casse croûte à 13H sur une aire d’autoroute, la pluie a remplacé la neige, et ca caille et ca vente, ca va être chaud si on subi ce type d’intempérie pour le trail..

Arrivée vers 15H à VOLVIC, réception des dossarts au gymnase ,essai du Buff,ça ,c’est une idée originale et qui sera utile demain, puis encouragements des féminines locales de la Vénus, course de 10km…, enfin petit tour dans la ville, avec visite d’une Expo d’émaux sur pierre de lave de toute beauté… prix auvergnats.. mais comme l’art n’a pas de prix…

Vers 18H départ vers notre lieu d’hébergement, un superbe manoir à chambrée variable (de 3 à 8 lits),mais les encoignures de portes sont d’époques, et Eric ,avec son tirant d’eau trop grand, racle le fronton et à déjà l’attitude courbée de sa prochaine rencontre avec les cousins de l’île de la Réunion (j’ai bien dit de la Réunion, et non de la tentation)…

Repas sportif(vives les pâtes) la patronne (sosie de Murielle Robin) est sympa, on n’attend qu’une chose :qu’elle se prenne les portes Saloon dans le nez, mais elle est fine (SIC) mouche et ne se laisse pas prendre au piège….L’ambiance et bonne, on a été rejoint par Ben et Alain, et leur petit bout de choux à trouvé un nouveau nounou, et n’en décolle pas…

Aline n’est pas en forme, ca va être très dur, demain ,la course pour elle…

22H,préparation du Kamelback ,on apprend que la course de 55km sera amputée de la montée du puys de dome si les condition météo sont mauvaises (risque de neige pendant la nuit).Cette info m’intéresse, car si je suis prévu sur le 33 km et 1300m de dénivelée, le fait de raccourcir la distance et la dénivelée (de 55 et 2300 m de dénivelée initial, on passe à 52 km et 2000 m de dénivelée…) ce qui me la rend pourquoi pas accessible ….malgré mon entraînement limité…Bref, on verra demain…

Extinction des feux dans notre chambrée (Chouby,Eric,Pascal,Philippe,Franck,Jérome,Luc et moi),je m’endors en rêvant non pas des moutons, mais d’aller jusqu’au bout…

Dimanche :6H30

Branle bas de combat : tout le monde debout :On regarde par la fenêtre embuée :il a neigé pendant la nuit, une bonne couche de fraîche, au moins 10cm en bas des pistes. Super !

Petit dej copieux, avec yaourt ,fruits…on va avoir besoin d’énergie…Marie se propose de me servir de coach si je veux tenter le grand parcours….

Opération déneigement et dégivrage des véhicules, les rétros du monospace de Pascal, emprisonnés par la glace, refusent de s’ouvrir…

J’en profite pour créer une petite bataille de neige, histoire de se mettre en jambe..

Descente prudente vers Volvic, sans chaîne, le lourd monospace glisse tout seul sur la route verglacée..

Confirmation de l’organisation de l’amputation de la montée totale au puys de dôme, pour cause de sécurité(congères de 2m50 au sommet !)..déception des pros du team CIVC….enfin, la couse promet d’être belle quand même…

Départ retardé de 30min,

Photo du groupe frais pour l’instant par Franck, en convalescence de blessure et qui sera pour l’occasion bombardé grand reporter

Allez GO, c’est parti finalement à 9H30 !

J’ai acheté pour l’occasion un bonnet, j’ai mis des gants de laine chaud, mon Buff autour du cou, mais comme cela monte déjà pas mal, je sens que je vais avoir trop chaud avec tout cet harnachement. Aline ,avec beaucoup de courage, a pris le départ ,mais le pronostic défavorable est confirmé. Handicapée par son rhube qui n’est pas des foins, mais viral, elle

monte avec difficultés, et au terme de 2 ou 3 km de course, me signale son attention d’abandonner le trail. Je l’incite à la sagesse, il est évident qu’elle ne pourra terminer dans ces

conditions.. Dur Dur pour Aline…Allez, elle en fera d’autres….

Pour ma part, l’ascension continue, le chemin se resserre, devient plus escarpé, et je commence à maugréer mes ASICS non adaptées au terrain enneigé. Je perds la notion de temps, je me cale sur un prédécesseur dont j’ai a peu près le même rythme, et un moment

me retrouve au niveau de Fanfan et Aurélie, que je ne vais plus quitter jusqu’au 1er ravitaillement . Proche du puy de la Louchardiere, (c’est le 3 puy sur un total de 9)

cela monte et patine sévère , ca va promettre au retour…Ca y est, 1er ravitaillement, l’équipe Philippe,Pascal,Jean philippe est déjà la, prête a repartir pour la grande boucle, Marie arrive

je traîne un peu devant le stand, il y a du soleil et des nanas, non pardon du cantal et des quartiers d’oranges, c’est vrai qu’il fait beau, je ne vois pas repartir Fanfan et Aurélie,

Marie me demande si je l’accompagne ,moi j’ai en tête la carte IGN,avec les 9 puys du parcours, qui font dessiné en vue de dessus comme des ronds dans l’eau, on a monté déjà 1000m ,Philippe m’ayant indiqué que si on arrivait avant 12h,le grand parcours était possible. C’est le cas. Je prends ma décision :le grand parcours c’est si je prend à droite ,donc,je prend à droite(Décision non politique, s’entend, mais uniquement de parcours et aucune allusion avec un certain Bruel Patrick, chanteur de son état, mais certainement pas Traileur)

Sus à Marie (On ne rigole pas) Le chemin est super, les branches enneigées font la révérence, et formes parfois un véritable tunnel à hauteur d’homme…

Par contre, la température inférieure à 0 degré fait geler l’eau de l’embout plastique. .Il faut que je boive toute les 10min pour ne pas créer un bouchon de glace.(de toute façon, j’ai soif).

Marie est très régulière dans son rythme de course contrairement à moi qui joue au yo-yo, je n’arrive pas à me réguler…Le paysage enneigé est magnifique, ca y est, je vois le puy de dôme que l’on va contourner….

2eme ravitaillement, on rejoint à nouveau l’équipe Philippe,Pascal,Jean philippe ,on discute un peu, le sommet du puy est dans la brume ,ils repartent, le grand reporter Franck nous prend en photo, profitant d’une éclaircie qui illumine le sommet du puys de dôme .Magnifique..

Je suis encore frais, du moins je le crois, on a fait 28 km, Marie est prête a repartir pour la suite de la boucle, nous montons sur le flanc du puy, elle me met 150m dans la vue et je n’arrive pas à la rattraper…C’est le début des difficultés pour moi…des jeunes dévale la route en ski, cela grimpe, c’est long, je booste comme je peu, Marie en point de mire, réduis la distance à 50m.Elle m’attend à la bifurcation nous permettant de reprendre le chemin des chèvres, cela descend, comme d’hab ,je vais plus vite qu’elle en descente, mais elle me rattrape dans les cotes…On est environ à 35 km du départ, j’ai une certaine tendance à sentir un début de crampe au dessus des genoux (chose qui ne m’est jamais arrivé)..Cela grimpe, Marie marche vite, je m’accroche, damned, elle a la pêche, cela me gâche un peu le plaisir

d’admirer les paysages vraiment superbes, hors du temps, on domine la vallée vers Clermond Ferrand…Il fait toujours beau temps. Je m’applique à ne pas me faire larguer..

38 km, enfin une descente, je lâche un peu Marie, et oh surprise ,m’aperçois que le groupe P P JP est devant moi. je force un peu l’allure, les rejoins. .Eux aussi sont surpris de me voir, je leur dit que Marie n’est pas loin derrière, je l’attends 20 secondes, lui dit que le groupe PPJP est juste devant….Grave erreur de ma part, car elle force l’allure, les rejoints, les doubles…

moi, je suis 100m derrière, je commence a être en vrac…heureusement le ravitaillement Km 41 est en vue…plus que 3 petites cotes…puis après descente vers Volvic, du moins c’est ce que pense….Super le ravitaillement (j’ai à nouveau particulièrement apprécié le fromage, et le café chaud ,il fait moins 7° ,l’eau gazeuse gèle ,les bénévoles sont la depuis le matin, super sympas malgré le froid….

Bon ,on repart en groupe ,mais je me fais tout de suite larguer, il reste 11km,dont 3 insignifiantes ,petites cotes dont je me souviendrais…

Je suis seul, j’alterne 200m course,200m marche, mes batteries sont à plat, plus de jus, je me motive dans les minables cotes, « arrête de te plaindre, imagine ce qu’endure ceux qui monte aux plus hauts sommets »… Un coup de vent soudain fait tourbillonner un nuage de poudreuse, me fais prendre conscience qu’heureusement que le temps est clément…

Je regarde au loin le puy de dôme, superbe, loin ,très loin déjà :cela m’encourage,

je tiens le bon bout, je sais que j’irais au bout de cette boucle..

km 48 :Le puy de Jumes est vaincu, j’attaque la descente, qui n’est pas de tout repos, satanées chaussures ,je glisse, sur les fesses, puis accroupi sur un pied, puis l’autre…vaille que vaille.

La température est basse, le chemin verglacé, je m’étale, reste 30 secondes en vrac, à nouveau

début de crampes, je cramponne mes orteils pour les soulager…Me relève, cours à nouveau 100 m et m’étale .Bravo, bien joué, pauvre C..

Il est temps que cela ce termine, surtout que je suis surpris par un bout de cote ridicule (100m à tout casser ) mais qui me casse le peu d’énergie qui me reste….

Les derniers km furent difficiles, malgré la descente ,mais je savais que l’objectif assigné allais être atteint : 52km,2000m de cote, 8h 10 environ, le groupe PPJP&M avec environ ¼ d’heure d’avance sur moi, pas mal, finalement ;pour une première.

Comme disais Madame Denis avec son accent du terroir: C’est bien vrai que je ne ferais pas cela tous les jours, j’abonderais dans son sens, mais à cœur CIVC, beaucoup est possible, moi qui est mis 2 semaines à me remettre de ma 1ere course R4C…,il y a 3 ans

Il m’a fallu 3 jours cette fois ci pour être à peu près opérationnel..

A tous ,merci encore ,en particulier à Marie pour le coach, à Sylvie pour le choix de ce très beau trail ,et à Steph pour la motivation du TEAM !

Bon il est 01h30 du matin, j’arrête cette bafouille…

A bientôt

Michel S

Témoignage : U T M B 2005 (Eric)

U T M B 2005

Qu’ils soient d’Arrées où du Ventoux, de Saint Michel où de Vénus, j’ai déjà eu part le passé l’occasion d’escalader, de visiter et d’admirer tout ces MONTS que l’on rencontre au cour d’une vie. Mais celui qui mobilisait toute mon attention depuis plusieurs mois était un géant Blanc de plus de 4800 mètres de hauteur.

La folle mission à laquelle j’allai participer avait pour nom de code UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc). Une mission relativement simple dans sa conception, encercler le géant et toutes les murailles qui le protège dans un délai le plus court possible, mais extrêmement difficile et périlleuse à réaliser : 158 km ; 10 cols à franchir ; 8640 m de dénivelé positif ; 3 pays à traverser et un délai max de 45 heures.

Beaucoup des 2000 volontaires au départ de Chamonix ce vendredi 26 aout, ne pourrons boucler ce tour infernal. Et malgré une préparation et un entrainement des plus sérieux, un mental d’acier !…. cette petite pointe de doute plantée au fond de soi :

Serai’ je parmi cette petite poignée qui pourra nouer son fil d’Ariane de retour à Chamonix ?

Ou ferai’ je partie du plus grand nombre d’entre nous, qui aurons vu se briser le fil, ainsi que leurs espoirs de vaincre le géant ?

Chamonix 19 heure : Un moment d’une intensité exceptionnelle, un immense frisson intérieur, la gorge nouée part cet instant magique, transcendé pars un beau soleil d’aout, la musique du film Christophe Colomb et une foule impressionnante. Mon regard croise une dernière fois celui de Tristan, qu’elle intensité, que de mots silencieux « Bonne route, prend garde à toi et que tes forces t’emmènent jusqu’au bout » Enfin, nous pouvons libérer toute cette énergie accumulée pendent toutes ces heures, ces semaines, ces mois d’entrainement.

Les premiers Km, rester calme, partir doucement ! non encore plus doucement !…….. Je m’enivre de ces premiers instants de course ou le corps et la tête fonctionnent parfaitement. Les foulées s’enchainent, Les Houches (km 8, alti 1012m) petit ravitaillement, les premières pentes raides du col de Voza (km 13, alti 1653m) et, comme une récompense pour nos premiers efforts un coucher de soleil fabuleux. Une lumière extraordinaire, rouge orangée éclaire les sommets enneigés qui se détache sur un ciel d’un bleu pur. Km 20, la Villette, « ralenti, t’es trop vite, RA…LEN…TI !!! »

Les Contamines 3 h 30 de course (km 25, alti 1150m) premier gros ravitaillement. Qu’elle ambiance, beaucoup de monde dans les rues, ça crie, ça tape dans les mains, plein de lumières, un orchestre au top de sa forme. Ca donne envie de rester, mais bon encore plus de 130 bornes à avaler, allez c’est reparti.

Bon là, c’est du sérieux : Notre Dame de Gorge (km 29 alti 1210m) ; La Balme (km 33 alti 1706m) ; col de la Croix du Bonhomme, (km 38 alti 2479m), plus de 6 h de course. Je prends le temps de me retourner dans la montée du col pour admirer cette immense guirlande lumineuse qui serpente à travers la montagne. Très grosse descente technique et glissante (930 m de D – ) sur les Chapieux et très grosse chute, 5 / 6 m dans la caillasse. Le pouce et la fesse gauche ont morflés, la frontale à volée et le bâton droit est méchamment tordu. Ouah………… la décharge d’adrénaline « calme toi, et Bordel de merde RALENTI. et Sylvie, elle t’a dit quoi : fait attention à toi ! Alors «

Les Chapieux 2 éme gros ravito (km 44 alti 1549m) 7h 13 depuis Cham. Soupe, saucisson, pain, compote, chocolat et c’est reparti. Il est presque 3 h du matin . Les 7 km qui nous conduisent au refuge des Mottets se ferons sans frontale. La nuit est superbe, toute étoilée avec un joli quartier de lune, suffisant pour éclairer notre route. Devant nous le col de la Seigne ( km 54 alti 2516 m) Premier coup barre sérieux à 800 m du sommet. Arrêt, boisson et pastilles énergétiques, quelques flexions de jambes, allez l’Italie est de l’autre coté. Refuge Elisabetta (km58 alti 2200 m) petit arrêt, soupe quand même et direction un autre gros morceau : l’Arète du Mont –Favre ( km 63 alti 2435 m) Pendant l’ascension le jour se lève, magnifique, les jambes commencent à faire mal, mais bon on a 9 bornes de descente pour arriver à Courmayeur et la je remets toute la mécanique à neuf !!!

Arrivée à Courmayeur à 7 h 50 ( km 72 alti 1190 m) Les 1240 m de dénivelés négatifs ont été très dur mais le sourire et les encouragements de Sylvie me font un bien immense. Je récupère mon sac avec mes affaires de rechanges. Dans les vestiaires je retrouve Tristan, nos regards se croisent, ce n’est plus le même qu’au départ, près de 13 h de course sa secoue déjà pas mal. Nous prenons quelques secondes avant de pouvoir parler « c’est pas gagné ! ». « Non t’as raison c’ est pas gagné !!! » Je vais rester près d’une heure, pour prendre une douche, me changer, manger, me masser et me recharger des mots d’encouragement et de motivation de Sylvie et Valérie. Merci les filles ça fait du bien. Près de 300 d’entre nous n’arriverons pas à Courmayeur et plus de 450 ne repartirons pas.

Il est 8 h 55, un dernier baiser de Sylvie et je quitte la base. Plein d’encouragements de coureurs qui se dirigent vers le car qui repart sur Chamonix, très gros frisson dans le dos. Et moi c’est pour quand ?

Concentration maximum, j’attaque la fameuse montée sur le refuge Bertone : 800 m de dénivelé en 5 km. Fait chaud, mais ca monte pas trop mal, reste calme, tranquille.

M…de ! c’est long quand même. 10h 20 enfin le contrôle au refuge Ouf ! Devant moi un très beau sentier en balcon ,12 km à 2000 m d’altitude, direction le refuge Bonatti ( km 84 alti 2020 m) puis descente sur Arnuva au pied du Grand Col Ferret.

On est samedi 13 h et je démarre l’ascension du Grand Col Ferret point culminant de la course à 2537 m. Rester calme, gérer les quelques forces encore disponibles et puis attendre, laisser défiler les mètres et les minutes qui nous conduisent au sommet, frontière Italo Suisse.1 h 30 pour faire les 4 km. Un grand coup de chapeau et quelques mots d’encouragement pour les bénévoles qui sont là. Comment font ‘ils pour rester si longtemps ? Admiration.

Le moral est bon et le physique n’est pas catastrophique, il me reste un peut de force pour attaquer la descente vertigineuse de 19 bornes et 1387 m de D – , pour atteindre Praz De Fort. Je m’étonne de pouvoir courir encore aussi souvent Dans le milieu de la descente le ravitaillement de La Fouly, plutôt bien venu, et en plus les filles sont là. Sylvie est venue à ma rencontre et fait un petit bout de chemin jusqu’au ravitaillement. C’est bon de pouvoir parler, raconter un peut ce que l’on est entrain de vivre et avoir des nouvelles des copains. Peu de monde au ravitaillement et des tables de kinés libres j’en profite pour me faire masser, mes jambes commencent à être sérieusement lourdes. Sylvie refait le plein de mon Camel, une boisson énergétique dans ma gourde et allez en route pour les 17 km qui nous reste avant Champex prochaine grande base de ravitaillement. Le reste de la descente ce passe plutôt bien, j’arrive à trottiner régulièrement, mais la montée sur Champex est terrible mes dernières forces se sont évanouies et c’est à l’arrache que j’arrive à la base de Champex ( km 119 alti 1391 m)

Il est 19 h 10 plus de 24 h de course, le sourire de Sylvie, les supers bénévoles qui m’encouragent et me tendent mon sac d’affaires de rechanges n’arrivent pas à estomper ce doute qui s’installe en moi : comment faire pour aller plus loin ? Avec qu’elles forces ?

La motivation reviendra quand Tristan, arrivé 1 h avant moi, proposera que l’on reparte ensemble pour affronter la 2ème nuit à deux. Après plus d’une heure d’arrêt il presque 20 h 30 quand nous quittons la base. Nous estimons à 10 h le temps pour faire les 40 derniers km. La pluie a fait son apparition pars intermittence depuis la fin d’après-midi, mais dès les premières pentes de la montée sur Bovine les robinets sont ouverts en grand. Cette montée sera apocalyptique ! Pluie battante, boue, blocs de rochers, brouillard, 2 heures de lute dans la bouillasse……… interminable !

L’eau et la boue rendent les descentes très périlleuses et malgré les battons d’une grande utilité, touts nos pas, touts nos appuis sont aléatoires, glissades et chutes n’épargneront personne. Calé dans le sillage de Tristan, ou coincé dans un petit groupe de coureurs j’avance tant bien que mal. Mon instinct de coureur me permet d’avancer sans trop réfléchir heureusement si non …………… ? Ravitaillement de Trient ( km 132) Sylvie et Valérie sont là, c’est bon de les revoir. Ambiance très particulière dans ce ravitaillement, ça sent le fromage à raclette il y a plein de chose à manger, de la musique, une piste de danse avec quelques bénévoles qui s’agitent, un bar avec une brochette de gars accoudés. Robert, un coureur de Bures avec qui j’ai fait un bon bout de chemin dans la journée arrive et me dit qu’il va prendre une bière et que c’est bon pour ce qu’on a. Alors, vas pour une bière( vu dans l’état dans lequel je suis ). Sur ce arrive Jérôme et ses deux acolytes d’Endurance Shop et nous voyant à la bière s’y mette aussi ! Il est minuit passé il est tant de repartir.

Une bonne montée sur les Tseppes, puis descente sur les Esserts et Vallorcine ( km 142 alti 1260 m) le tout sous la pluie dans la boue, la gadoue et le brouillard. J’ai de plus en plus de mal à rester au contact derrière Tristan. C’est dans un piteux état que j’arrive au ravitaillement de Vallorcine. Les bénévoles s’aperçoivent de mon état et me prennent en main immédiatement. Un kiné sur chaque jambe, une infirmière vérifie mon taux de glycémie et me pose plein de questions pour faire un bilan de mon état physique et mental. Sylvie arrivée entre temps, ne prend position ni pour l’infirmière qui aimerait me voir m’arrêter, ni pour moi, qui petit à petit retrouve mes esprits et quelques forces pour espérer aller au bout. On m’oblige à me ravitailler copieusement, soupe, saucisson, pain, banane, chocolat le tout arrosé au coca Il est 3 h 30 du mat, Tristan a les yeux qui clignotent pas mal, le manque de sommeil commence à ce faire sérieusement sentir. Les filles nous encouragent du mieux qu’elles peuvent, elles savent que c’est la dernière ligne droite, nous ne nous reverrons plus avant Chamonix.

Le col des Montets ( km 146 alti 1461 m) Argentière ( km 149 alti 1260 m) dernier ravito. Assis sur un banc, l’air hagard, mes battons sur les genoux, je regarde Tristan boire un double café pour combattre les assauts du sommeil. Direction Chamonix, un peut de route et puis un chemin en balcon plein de cailloux. Une succession de petites montés et descentes, j’en peux plus, mes jambes ne veulent plus fonctionner ma tète non plus. Le chemin repart sur la droite ça monte dur. Trop dur pour l’état dans lequel je me trouve. Stop, je disjoncte, j’appelle Tristan, nos regards se croisent une nouvelle fois « Pardon !mais pour moi ça s’arrête là ! » Il a compris que j’étais au bout, mais il sait que je finirais cette course. Je le regarde s’éloigner, nous nous retrouverons derrière la ligne magique. Les derniers instants de course sont indéfinissables très intérieurs, un mélange de plaisir intense d’avoir réussi, noyé dans une souffrance que l’on a appris à apprivoiser au fil des heures.

Voilà c’est fait, je viens de passer sous l’arche d’arrivée que j’avais franchie dans l’autre sens il y a 36 heures et 40 minutes. Je viens de vivre des moments les plus intenses de ma vie. Je voudrais dire merci à ceux avec qui je les ai partagés et qui mon certainement permis d’aller au bout. Merci à toi Tristan, cette 2 ème nuit aurait surement été beaucoup plus dure et plus longue seul, tu es pour beaucoup pour ce super chrono (pour moi !). Merci Sylvie pour ta présence et tout ce que tu m’as apporté tout au long de cette course. Merci Valérie pour tout tes encouragements à chaque ravitaillement.

E.B

Témoignage : ULTRA TRAIL du MONT BLANC 2005 (Sylvie)

ULTRA TRAIL du MONT BLANC…Vu de l’extérieur

 Tout a commencé l’année dernière ou certains de nos CIVC ont décidé de se lancer dans l’aventure, et quelle aventure…158 kms, délai maximum 45 heures, et 8600 mètres de dénivelée !

Sans compter les trois mois d’entraînement acharné, soir et week-end…, UTMB…tous en orbite autour de ce projet de malade !

Jeudi 25 août, veillée d’armes à Combloux en compagnie de Tristan et Eric, nos deux compères sont confiants, ravis l’un et l’autre de se mettre sur la ligne de départ sans blessures. Nous avons également pris des nouvelles de Jérôme et de Franck, qui eux ne sont pas à leur coup d’essai, mais à leur deuxième participation. Ils sont conscients de se lancer dans une belle aventure, tout en souhaitant la terminer dans le temps limite. Ce soir là que de messages d’encouragements, chacun y va de son commentaire.

Demain nous retrouverons le reste de la bande.

Vendredi 26 août.

Le grand JOUR, ça s’agite dans tous les sens, préparation des barres énergétiques, carte d’identité, casquette, bref, les derniers préparatifs. Tristan constate une fois de plus que son sac est bien gros, il regrette de ne pas avoir réussi à y mettre sa bouée, ni sa poupée gonflable ! Il est grand temps que la course démarre, les voila bien atteints !

Nous ne sommes plus qu’à 1h30 du départ, je n’ai jamais vu autant de jambes, pour m’occuper, je les compte une par une….j’en profite également pour admirer la gente masculine et féminine….Trêve de plaisanterie. C’est très impressionnant. Je finis par les laisser tous, maintenant je deviens spectatrice et accompagnatrice. Auprès du départ, il y a foule, le soleil est de la partie, la météo est annoncée bonne.

19 heures, le départ est donné, je cherche du regard mes têtes connues, la plupart du temps ce sont elles qui me trouvent la première, les premiers encouragements, un petit pincement au cœur, un bref regret…j’aurai du m’inscrire ???

23 heures, je suis rejointe par Valérie, nous partons pour Courmayeur, en Italie…Bungiorno, come ma…vu l’heure à laquelle nous arrivons, c’est plutôt buonasera, buona notte !

L’attente commence, COURMAYEUR, première étape et premières heures de sommeil prévues pour nous, mais allez, mettre deux nanas dans une voiture la nuit ! Trop de bla, bla bla…

COURMAUYEUR est un point de ravitaillement amélioré, massages, douches, repas chaud, le problème c’est que c’est au 72ème kms ! Vers 3h15 du matin, cela s’agite autour des voitures dortoirs, le premier est annoncé, je décide d’aller voir, le démon de la course me prend. J’abandonne Valérie, il est vrai que nos hommes respectifs nous ont donné des plages horaires d’arrivée, donc nous avons encore le temps, mais voir la course, je ne peux pas m’en empêcher. Il fait nuit noire, quelques étoiles, le ciel est relativement dégagé, on aperçoit quelques lucioles…non ce sont les coureurs, au début je compte, je regarde ma montre, je discute avec d’autres personnes….puis enfin le premier CIV…le « Jérôme » à 6h49, quelques mots, il a l’air bien, nous demande si il est le premier de Chevreuse à arriver, je confirme. De nouveau l’attente, puis Tristan à 7h13, fatigué mais heureux de nous voir. A 7h51 j’aperçois enfin Eric qui n’a pas encore pris le virage pour le petit raidillon, je l’encourage, il finit par me voir : « ha tu es là toi…. » Visiblement déjà marqué, mais tout comme les compères précédents, heureux de nous savoir là, toutes les deux. Nous les retrouvons à l’intérieur du complexe, que de coureurs et de bénévoles et d’agitation. Nos garçons sont emplis de doute quand à l’issue de la course…. Après une heure environ de repos, douche, ravitaillement, ils repartent, il est au alentour de 8h30. Nous n’avons toujours pas vu Franck arriver, mais nous ne sommes pas inquiète, nous supposons qu’il est parti plus prudemment que les copains.

Nous repartons, notre marathon de suiveurs commence… Direction la suisse (essayez de mettre l’accent !), via le tunnel du grand St Bernard…et des tunnels nous en avons traversé, des grands, des petits, des moyens, hein Valérie ? Bref, après 3h de voiture enfin nous y voila à « LA FOULY » 102ième kms, joli petit village suisse ou nous avons prévu de retrouver les garçons, et l’attente recommence…..donc pour tromper l’attente on se restaure…, (vu que le petit déjeuner fut frugal), et, la restauratrice n’oubliera probablement pas ces deux clientes, qui, au moindre mouvement humain à l’extérieur bondissaient de leur chaise, allant parfois même jusqu’à jaillir hors de la salle pour encourager le coureur attendu….ou qui lui ressemblait.

Ceux que nous voyons arriver semblent bien fatigué, nous essayons de calculer le temps qu’il faudra à chacun de nos CIV. Tristan arrive le premier, Valérie l’accompagne en footing jusqu’au pointage, il est suivi de Jérôme et de ses copains Dimitrio et Thierry. Pour tromper le temps je remonte le parcours pour aller à la rencontre…je l’espère d’Eric…si, si le voila, je l’accompagne à mon tour en courant jusqu’au pointage. Ravitaillement et massage. Zut, la pluie ; l’après midi est déjà bien avancé, les garçons sont tous repartis accompagnés de nos encouragements.

Direction pour notre part à « CHAMPEX d’EN BAS », Valérie me fait remarquer le parcours, en effet nous apercevons sur notre gauche à flanc de montagne, des coureurs, la pente semble bien difficile, en attendant le paysage est magnifique…. Ont-ils le temps de l’admirer lorsque la fatigue s’installe ?

CHAMPEX, 119ième kms, nous décidons de dormir un peu, la voiture est garée de telle manière que nous ne risquons pas de le manquer. La pluie tombe toujours…cela veut dire que leur deuxième nuit va être sympathique. Il est environ 19h, ce samedi 27 août lorsque nos différents compères arrivent, sont pas beaux à voir…il leur reste 39 kms à parcourir, certains pourrait vous dire, mais c’est moins qu’un marathon…. ! N’empêche qu’ils vont mettre entre 13 et 14 heures pour rallier l’arrivée !

Tristan et Eric commencent à être bien entamés…., (ha bon !), et décident de repasser la seconde nuit…ensemble, ce qui dans ce contexte, nous rassure !

Jérôme est complètement cassé mais est toujours très inquiet de notre « bien être : ça va Sylvie, tout va bien ? Oui Jérôme, pour nous pas de problème, nous nous allons bien, tant que vous allez bien ». Tout le petit groupe repart dans « un mouchoir de poche » Nous apprenons que Franck continue son parcours, dommage que nous ne puissions le voir.

Pour nous en avant vers TRIENT (toujours la suisse…) 132ième km, (c’est assez rapide en voiture… !) la nuit est tombée, la pluie continue elle aussi. De temps en temps un petit ruban lumineux apparaît, des lucioles…par un temps pareil ! Il est près de minuit lorsque nous voyons enfin nos lucioles, non mais…épuisées les pauvres bêtes ! Allez les garçons plus que 26kms…, nous y allons de nos encouragements, c’est tout ce que nous pouvons faire, bien impuissantes. Tristan se décide enfin à retirer le caillou de sa chaussure, Eric nous confiera à l’arrivée que la gêne occasionnée par ce caillou lui faisait oublier provisoirement ses maux de genoux. Il faut du courage aux garçons pour quitter ce refuge ou règne ou bonne odeur de raclette !

Nous les retrouverons à VALLORCINE au 142ième kms. Gros dodo pour les filles ce qui nous fait manquer l’arrivée des garçons, ils y sont vers 3h du matin le dimanche 28 août ; nous les retrouvons à l’intérieur du point de contrôle, Jérôme tient debout parce que c’est la mode, Eric est en main avec deux masseurs et une infirmière (je le reconnais bien là…) à ce qu’il paraît la décharge électrique qu’il s’est prise sur une clôture de pré n’a pas suffi à le remettre d’équerre ! Tristan semble a peu près potable, Dimitrio toujours sourire attend, Thierry semble tenir le choc ; bref, le vrai bonheur. Grand moment de doute pour Eric, l’infirmière essaie de me rallier à ce qu’elle souhaiterait…, qu’il arrête. Je ne dis pas un mot, je me garderai bien de donner mon avis, je sais les sacrifices qu’Eric a du faire, c’est à lui de voir. Le test « glycémie » est bon, il repart avec ses petits camarades après ravitaillement, mais que cela risque d’être difficile, il reste 16kms…..

Nous irons directement à l’arrivée à CHAMONIX, « CHAM, pour être in.. » nous avons cependant hésité à nous arrêter à Argentière (149ième kms).

L’attente recommence, nous voila sur le parking de la patinoire, Valérie décide de dormir, il est vrai qu’elle a fait le chauffeur durant ces deux jours et qu’elle doit repartir ce dimanche soir. Pour m’occuper l’esprit, je prépare le sac « arrivée » d’Eric, je range, j’essaie également de me reposer, puis je me décide à aller au centre d’accueil. Il y a des dortoirs d’installés pour les coureurs, les rares personnes debout sont les accompagnateurs, nous sommes tout silence. J’allume mon portable, je le mets en charge et là les messages des copains m’arrivent, je rappellerai tout à l’heure, je ne vais tout de même pas téléphoner à 5h du matin ! (Quoi que ?)

Puis direction l’arrivée, il pleut toujours, nos pensées sont avec les garçons, vont-ils tenir ? Si oui dans quel état….6h….7h….toujours pas de CIVC en vu. Nous applaudissons ceux qui les précèdent, puis nous apercevons Jérôme, Dimitrio et Thierry, là nous y allons de nos encouragements, pour eux c’est fini, Tristan arrive à son tour, suivi d’Eric…..le soulagement. Intériorisées pour Tristan ou chaudes larmes pour Eric, les émotions sont les mêmes….Pour nous aussi d’ailleurs.

Ils l’ont bouclé leur petite ballade en 36h40 (et quelques minutes…), un seul mot BRAVO qui en regroupe d’autres. Beaucoup de douleur, de doutes, mais à la fin certainement du bonheur d’en avoir terminé avec soi-même. La déception c’est que nous apprenons que Franck a abandonné au bout de 120kms, mais BRAVO à lui également, il fallait également les parcourir tout ces kilomètres. Après les messages des copains, le repos bien mérité. Ce soir nous nous retrouverons tous pour la soirée de clôture, également très sympa.

Voila c’est fini, Jérôme, je te rassure…je vais bien !

Valérie, merci de ta bonne humeur, je pense que nous avons passé un bon moment, même si les heures de sommeil de nos deux nuits d’accompagnateurs se comptent sur les doigts d’une main !

Et puis vous les traileurs fous, merci de ce que vous nous avez apporté, une très belle leçon de courage…ou de folie ? A l’année prochaine ????? Je rigole, bien sur ! ( ?).

Valérie, Sylvie

Témoignage : ULTRA TRAIL du MONT BLANC 2005 (Tristan)

ULTRA TRAIL du MONT BLANC : le départ

18 H 30 : Rassemblés sur la place de l’ église de CHAMONIX, nous écoutons les dernières consignes de course. Pour les 2000 participants, c’est l’objectif sportif majeur de l’année 2005.

Certainement bien plus pour l’immense majorité des coureurs : La course qu’il faut avoir, non pas faite, mais avoir vécue et, rêvons un peu à 30 minutes du départ, terminée une fois dans sa vie.

L’ultra Trail du Mont Blanc : 158 km, 3 pays traversés, 8 500 mètres de dénivelée positive. L’année dernière, avec une météo idéale, 25 % des partants ralliaient l’arrivée !

Le vainqueur de l’année dernière monte sur le podium surplombant le départ pour nous prodiguer conseils et encouragements. Au-dessus de nos applaudissements, il se pose en « César » que ses sujets saluent … avant de mourir !

On est bien d’accord, on ne pense jamais, à ce moment là, aux derniers …

Normal, me direz-vous, la compétition sert à reconnaître les meilleurs. Mais le sport peut être vu sous différents angles, même si le plus commun est celui de la performance sportive. N’empêche, même quand on le pratique en compétition, il ne sert pas nécessairement qu’à cela.

Dans le sas du départ, j’observe et il n’y a pas beaucoup à chercher : Le calme n’est qu’apparent ; derrière ces visages concentrés à ce prétexte de confrontation sportive, il y a de sacrés personnages. Pour nous tous, le Tour du Mont Blanc est un morceau tellement consistant qu’il nous a fallu de l’audace, voire du courage, pour se lancer dans cette aventure. Accepter et faire accepter aux conjoints les sacrifices inhérents à un tel projet.

Il y a ceux, j’en fais partie, qui en ont tellement entendu parler, qu’il faut qu’ils la vivent une fois ; il y a ceux pour qui un bon classement, ou améliorer celui de l’année dernière, est l’objectif ; il y a ceux dont l’objectif est de terminer dans les délais ; ceux qui, sous le coup d’un abandon l’année dernière, repartent avec la volonté de, cette fois là, finir ; il y a celles, entraînées dans cette folie par un mari ou un ami, qui se fixe Courmayeur (71 Km) en espérant juste être dans les temps.

Ils y a ceux … ils y a celles … Hormis 4 coureurs qui viennent pour gagner et peuvent prétendre à la victoire, il y a 2000 histoires différentes qui portent les noms de : Défi, pari, fête, voyage, course, randonnée, découverte de soi, pèlerinage, etc.

A dix minutes du départ, ces 2000 histoires différentes, ces 2000 personnes, ont un dénominateur commun : l’incertitude ; elle se lit sur tous les visages. C’est une communion générale placée sous le signe de l’inquiétude ; elle est palpable, c’est un couvercle qui nous oppresse, une véritable chape dont on ne s’échappera qu’une fois parti. A cette heure, aucun concurrent ne peut pronostiquer s’il finira. Oser parler de chronomètre à ce moment là serait déplacé ou très prétentieux !

L’incroyable énergie physique, la détermination, le calme affiché par tous, transpirent dans le brassage humain du sas de départ. Aucun ignore cependant qu’il lui faudra aussi serrer les dents pour arriver au bout.

A une minute du départ, l’attention de tous se focalise sur le directeur de course, le vainqueur de l’année dernière redescend se placer avec nous sur la ligne de départ.

C’est sûr, le vainqueur de l’UTMB n’est pas n’importe qui …

Mais le dernier de l’UTMB n’est pas non plus n’importe qui.

5-4-3-2-1 Boum. Dans les watts débridés de la sono, 2000 histoires débutent, 2000 scénarios vont s’écrire dans l’encre de la nuit, se dessiner au pinceau tremblotant des lampes frontales, où la chance, les jambes, le mental, vont se disputer tour à tour le premier rôle.

Tristan.

Témoignage : Cross de la Sablière à Viroflay 2005 (Jérôme)

LE DIMANCHE 06 FEVRIER 2005

On pouvait s’en douter ! Le cross c’est difficile mais en plus quand la météo est peu encourageante et que le terrain est détrempé, ça rend les conditions de course encore plus pénibles.
Avec 1004 inscrits, au moment du départ toutes catégories confondues, c’était déjà un pari de gagné pour l’organisation de l’U.S.M.V de VIROFLAY.
Pour revenir à la course, dès 10 heures 45, nous nous sommes tous retrouvés sur la grande ligne droite très boueuse et pleine d’ornières, en plein cœur de la forêt de VIFORLFAY.
Les conditions quasi idéales pour un cross étaient donc réunies, ce qui laissait augurer une bien belle bagarre pour cette course.
Avant même le coup de pistolet libérateur, de très jeunes athlètes, positionnés en première ligne, avouaient déjà leur volonté de performance. Bien plus sage, vraisemblablement dû à l’âge qui me séparait de ces participants, je me retirai donc en deuxième ligne.
Très vite les intentions laissèrent places aux actes. Le départ fut très rapide et ces mêmes athlètes à l’allure fluette, prenaient les commandes du peloton et je me suis surpris à les suivre sur les deux premiers kilomètres.
Avec un temps de passage de 3’19’’ au premier kilomètre, la tête de la course ne tardait pas à faire des dégâts sur les poursuivants. A cet instant, je ne savais plus très bien si j’étais à ma place mais je profitai du moment présent. Mais très vite, car certainement moins aguerri à ce type d’épreuve où la tête imposait un tempo effréné, je me laissai distancer pour retrouver un rythme plus approprié à mon niveau.
Je parvenais tant bien que mal à maintenir un écart raisonnable sur les fuyards, excepté sur ces deux côtes fatidiques, la première ne présentant pas plus d’une cinquantaine de marches et la seconde affichant 450 mètres pour un dénivelé positif de 50 m, où je « coinçai » un peu et cédai quelques places.
La dernière ligne droite fut une libération et quelle surprise de voir enfin la banderole d’arrivée. Quelle joie aussi d’en avoir terminé en laissant de nombreux poursuivants derrière soi. J’avais déjà l’impression d’avoir réalisé une belle performance et celle-ci fut amplifiée lorsque ma petite famille qui était venue m’encourager m’indiqua que j’étais arrivé parmi les premiers.

Quelle joie de se voir interviewer sur ses prestations réalisées et le bonheur suprême fut la remise des récompenses sur ce petit podium que d’ordinaire je regarde du coin de l’œil en quittant la course. Et bien cette fois-ci, j’ai pu y accéder fièrement et me voir remettre la récompense pour ma belle et honorable 2ème place dans la catégorie sénior.

Le seul regret que je puisse avoir c’est de n’avoir pu partager ce magnifique moment avec vous autres car j’étais le seul et unique représentant du C.I.V.C. N’hésitez plus, venez essayer le cross, c’est agréable et convivial, alors chaussez vos pointes et je vous dis à bientôt…

JéJé (dit le sanglier des Charentes)

Témoignage : Raid 28 2005 (Nicole)

Raid 28 édition 2005
Ce sont les femmes qui en parlent le mieux !!

Equipe N°10 les”DES BEAUCE D’ENERGIE”
Avec Luc Robert dit L’Orient., Luc Guillon dit Lucky Luc, philippe Petazzoni dit Phiphi, Eric Bouisset notre grand Capitaine et Nicole (Barre), moi.

Samedi soir 18h30, nous arrivons tous à Méridon pour un dernier plat de pâtes. Nous laissons chaussures et sacs dans l’entrée pour ne pas salir la maison que Fanfan a astiquée tout l’après midi. Une minute plus tard, mon sac baigne dans un jus sucré. C’est la boisson énergétique de « Lucky Luc » qui s’échappe de son sac et s’étale dans l’entrée de Fanfan. Rien de bien grave et tout rentre dans l’ordre après un petit verre de blanc à l’apéro (je ne sais pas pourquoi mais je m’abstiens). L’ambiance est bonne et détendue jusqu’au départ vers Bures. Un petit regard de Sylvie qui a compris que je n’en mène pas large et des petites phrases d’encouragements avant de s’installer dans les voitures pour le départ. Bien sûr des tas de questions qui restent sans réponses : “Ai-je assez d’eau ? Trop d’eau ? Trop de vêtements ? Pas assez ? …Mais toutes ces angoisses s’envolent quand on se retrouve dans l’ambiance du départ. A 22h 30, les équipes se dirigent vers les bus RATP qui nous emmènent vers une destination encore inconnue. Pas de chance, c’est dans le bus qu’il faut placer les balises et les PC sur la carte IGN qu’on nous distribue pendant le voyage. Pour notre équipe, c’est le big handicap, “L’Orient”est blanc comme un linge au bout de 5 minutes. Eric regarde droit devant pour éviter un Tsunami de pâtes et moi, je ne vois rien sans mes lunettes (je ne sais pas si avec je suis plus efficace, je préfère garder la question en supens). Bravo à Lucky Luc et à Phiphi qui ont pris l’affaire en mains et qui nous ont sauvé la mise.

Ce trajet en bus est interminable et c’est à 0 H 30 qu’on nous laisse sur une place inconnue dans le noir, le froid et le brouillard (maman, j’ai peur ! Mais non, j’ai mes 4 grands garçons autour de moi). Et là, plus d’alternatives, il faut partir et vite car on se les caille. Le tout est de prendre la bonne direction. Avec “L’Orient”, pas de souci, il m’épate. Figurez-vous qu’il est capable de lire une carte, la nuit, dans le brouillard, de retrouver des chemins disparus, tout cela en courant et avec un calme Olympien (moi qui ne sais pas lire une carte en plein jour…).

C’est très ludique une course d’orient., j’ai l’impression de vivre un jeu de piste. Dès qu’une équipe trouve une balise, les coureurs s’empressent d’éteindre leur lampe pour ne pas attirer les autres équipes. Et chacun repart sans bruit comme si de rien n’était. De grands enfants ! Cela m’amuse beaucoup, la nuit passe très vite, l’humeur est bonne, l’avancée régulière. Nous n’arrêtons jamais, le froid ne le permet pas. Phiphi voit sa magnifique barbe se transformer en blocs de glace et la chevelure de notre capitaine est toute givrée.

Ce qui est très surprenant, c’est le silence et la solitude que nous trouvons parfois, en opposition à l’agitation des équipes qui fourmillent autour de certaines balises. A ce sujet, savez vous ce qui ressemble le plus à une lumière de frontale, la nuit ? Hé hé, c’est une autre lumière de frontale. Et pour être sûrs de ne pas suivre d’autres coéquipiers, nous avons un cri de ralliement, un véritable cri de guerre : “BROCOLIS”. C’est le menu de Fanfan hier au soir. Certains voudront nous cuisiner où nous mettre en vinaigrette.

Juste avant le petit matin,” L’Orient” boîte, son genou le titille et nous sommes tous soucieux. Malgré la douleur, Luc continue à trottiner et à orienter mais le moral en a pris un coup. Heureusement, le jour se lève et ça redonne du peps à toute l’équipe. De jour, le paysage prend une importance tout à fait autre dans l’évolution des coureurs. Cette année, au menu, nous avons la Beauce dans sa plus grande dimension : des champs cultivés à perte de vue et des chemins qui les longent en ligne droite, sans la moindre originalité pour le regard. C’est long, c’est dur dans la tête. Heureusement qu’un couple de chevreuils et deux lièvres viennent, par leurs courses effrénées, donner de la vie à ce paysage. Merci aussi aux bénévoles qui nous attendent aux PC pour pointer nos cartons. Nous sommes toujours accueillis par un mot gentil et par le sourire. Nous commençons à ressentir la fatigue mais ce qui est magique, c’est l’entente qui règne entre nous cinq. Il n’y a qu’encouragements et complicité, sans être maso., c’est dans l’effort et dans la douleur que cette entente prend toute sa dimension.

Le PC 6 est là et nous devons choisir l’option “distance à parcourir”. Notre capitaine Eric est en pleine forme et nous entraînerait bien sur la plus longue distance (91 km). Nous sommes la sixième équipe à passer ce PC mais la dernière avant la barrière horaire. Les autres équipes devront choisir entre le 75 et le 55 Km. Vu l’état de fatigue, nous choisissons l’option racourci du raid28 avec l’espoir d’arriver tous les cinq.

Et c’est reparti pour de longues et interminables lignes droites le long des champs beaucerons. Heureusement que notre capitaine nous fait régulièrement des gâteries : quel bonheur cette tranche de saucisson sec ! Et ce morceau de chocolat aux amandes salées, quel plaisir. Merci Eric, tu nous as tous motivés et relancés quand il le fallait.

La coup de bambou, c’est après le PC 7, toujours les mêmes chemins, pas le moindre petit arbre ou petit virage à se mettre sous la patte, c’est long, très long. Au prochain PC, Sylvie et Fanfan nous attendent pour nous remonter le moral, mais ce PC, il recule à chaque foulée. Pas la moindre balise pour nous distraire, le moral en prend un grand coup. Je ne parle plus, toute mon énergie est concentrée à mettre un pas devant l’autre. Le moral chute et la fatigue augmente, je compte par série de dix foulées et je souffle trois grands coups pour évacuer les idées noires. Heureusement qu’il y a 4 grands gaillards que je ne veux surtout pas décevoir. Dans ma tête, il ne reste plus que 15 km, alors j’avance en trottinant puis en marchant. J’ai moins mal en courant alors je repars en comptant des séries de 30 foulées. Enfin, le PC 8 est là ! Fanfan et Sylvie sont là, c’est énorme, le plaisir que ça fait. Quelle chaleur quand elles nous prennent dans leurs bras ! Merci les filles. Il faut repartir tout de suite, nous sommes la deuxième équipe à pointer pour le 75 km. Les bénévoles nous encouragent à rattraper l’équipe précédente, la féminine est blessée. Et là, un coup derrière la nuque, on m’annonce 18 km, J’ai envie de pleurer. C’est fou ce que 3 ou 4 km supplémentaires peuvent paraître insurmontables lorsqu’on en a fait déjà 70. On repars, et là, pas question d’abandonner. Eric et Phiphi sont toujours frais et vont à la recherche de toutes les balises vertes, ils gambadent partout, c’est incroyable. Je paye une erreur d’alimentation sur les premières heures de la course. Je suis en hypoglycémie et malgré l’envie de vomir je m’oblige à avaler les gels magiques qui collent au palais mais vous donnent du punch instantanément. Lucky Luc est fatigué mais cherche à garder toujours le même rythme car relancer la machine après un arrêt, c’est encore plus douloureux. Toujours calme et de bonne humeur notre Lucky. Luc L’orient. ne sait plus s’il doit courir ou marcher vite, pas 1 cm2 qui ne soit pas douloureux. Malgré tout, il relance quand je passe à ses côtés en toutes petites foulées. Ces derniers km sont durs mais nous sommes partis à 5 et nous arriverons à cinq. Pas question d’abandonner mes 4 grands copains!

Et là, oh merveille! On m’annonce Béville le Comte. C’est l’arrivée, c’est FanFan et Sylvie qui courent à notre rencontre, c’est Loïc qui arrive avec l’appareil photo, les enfants de Lucky qui lui prennent la main, c’est la famille Chuberre qui arrive en 4X4, c’est enfin le passage de la ligne d’arrivée main dans la main. On a réussi. Comme par magie, plus de douleurs, de la fatigue mais tellement de bonheur. Merci les gars pour cette belle aventure, merci pour toutes les belles images qui me reviendront régulièrement à l’esprit. Et puis BRAVO et encore BRAVO !

Au bilan, nous avons parcouru 85 km et nous sommes arrivés à 15h42. Sur le forum du raid 28, il y a des discussions houleuses au sujet du classement. Nous sommes 9 ième sur 34 équipes au départ. Tout le monde dans l’équipe est heureux, tout le monde est allé au-delà de ce qu’il pouvait donner et ce pour l’équipe. C’est ça notre podium à nous.

A vos basckets, filles et garçons du CIVC, c’est une belle aventure qui vous tend les bras

Nicole