Raid 28 édition 2005
Ce sont les femmes qui en parlent le mieux !!

Equipe N°10 les”DES BEAUCE D’ENERGIE”
Avec Luc Robert dit L’Orient., Luc Guillon dit Lucky Luc, philippe Petazzoni dit Phiphi, Eric Bouisset notre grand Capitaine et Nicole (Barre), moi.

Samedi soir 18h30, nous arrivons tous à Méridon pour un dernier plat de pâtes. Nous laissons chaussures et sacs dans l’entrée pour ne pas salir la maison que Fanfan a astiquée tout l’après midi. Une minute plus tard, mon sac baigne dans un jus sucré. C’est la boisson énergétique de « Lucky Luc » qui s’échappe de son sac et s’étale dans l’entrée de Fanfan. Rien de bien grave et tout rentre dans l’ordre après un petit verre de blanc à l’apéro (je ne sais pas pourquoi mais je m’abstiens). L’ambiance est bonne et détendue jusqu’au départ vers Bures. Un petit regard de Sylvie qui a compris que je n’en mène pas large et des petites phrases d’encouragements avant de s’installer dans les voitures pour le départ. Bien sûr des tas de questions qui restent sans réponses : “Ai-je assez d’eau ? Trop d’eau ? Trop de vêtements ? Pas assez ? …Mais toutes ces angoisses s’envolent quand on se retrouve dans l’ambiance du départ. A 22h 30, les équipes se dirigent vers les bus RATP qui nous emmènent vers une destination encore inconnue. Pas de chance, c’est dans le bus qu’il faut placer les balises et les PC sur la carte IGN qu’on nous distribue pendant le voyage. Pour notre équipe, c’est le big handicap, “L’Orient”est blanc comme un linge au bout de 5 minutes. Eric regarde droit devant pour éviter un Tsunami de pâtes et moi, je ne vois rien sans mes lunettes (je ne sais pas si avec je suis plus efficace, je préfère garder la question en supens). Bravo à Lucky Luc et à Phiphi qui ont pris l’affaire en mains et qui nous ont sauvé la mise.

Ce trajet en bus est interminable et c’est à 0 H 30 qu’on nous laisse sur une place inconnue dans le noir, le froid et le brouillard (maman, j’ai peur ! Mais non, j’ai mes 4 grands garçons autour de moi). Et là, plus d’alternatives, il faut partir et vite car on se les caille. Le tout est de prendre la bonne direction. Avec “L’Orient”, pas de souci, il m’épate. Figurez-vous qu’il est capable de lire une carte, la nuit, dans le brouillard, de retrouver des chemins disparus, tout cela en courant et avec un calme Olympien (moi qui ne sais pas lire une carte en plein jour…).

C’est très ludique une course d’orient., j’ai l’impression de vivre un jeu de piste. Dès qu’une équipe trouve une balise, les coureurs s’empressent d’éteindre leur lampe pour ne pas attirer les autres équipes. Et chacun repart sans bruit comme si de rien n’était. De grands enfants ! Cela m’amuse beaucoup, la nuit passe très vite, l’humeur est bonne, l’avancée régulière. Nous n’arrêtons jamais, le froid ne le permet pas. Phiphi voit sa magnifique barbe se transformer en blocs de glace et la chevelure de notre capitaine est toute givrée.

Ce qui est très surprenant, c’est le silence et la solitude que nous trouvons parfois, en opposition à l’agitation des équipes qui fourmillent autour de certaines balises. A ce sujet, savez vous ce qui ressemble le plus à une lumière de frontale, la nuit ? Hé hé, c’est une autre lumière de frontale. Et pour être sûrs de ne pas suivre d’autres coéquipiers, nous avons un cri de ralliement, un véritable cri de guerre : “BROCOLIS”. C’est le menu de Fanfan hier au soir. Certains voudront nous cuisiner où nous mettre en vinaigrette.

Juste avant le petit matin,” L’Orient” boîte, son genou le titille et nous sommes tous soucieux. Malgré la douleur, Luc continue à trottiner et à orienter mais le moral en a pris un coup. Heureusement, le jour se lève et ça redonne du peps à toute l’équipe. De jour, le paysage prend une importance tout à fait autre dans l’évolution des coureurs. Cette année, au menu, nous avons la Beauce dans sa plus grande dimension : des champs cultivés à perte de vue et des chemins qui les longent en ligne droite, sans la moindre originalité pour le regard. C’est long, c’est dur dans la tête. Heureusement qu’un couple de chevreuils et deux lièvres viennent, par leurs courses effrénées, donner de la vie à ce paysage. Merci aussi aux bénévoles qui nous attendent aux PC pour pointer nos cartons. Nous sommes toujours accueillis par un mot gentil et par le sourire. Nous commençons à ressentir la fatigue mais ce qui est magique, c’est l’entente qui règne entre nous cinq. Il n’y a qu’encouragements et complicité, sans être maso., c’est dans l’effort et dans la douleur que cette entente prend toute sa dimension.

Le PC 6 est là et nous devons choisir l’option “distance à parcourir”. Notre capitaine Eric est en pleine forme et nous entraînerait bien sur la plus longue distance (91 km). Nous sommes la sixième équipe à passer ce PC mais la dernière avant la barrière horaire. Les autres équipes devront choisir entre le 75 et le 55 Km. Vu l’état de fatigue, nous choisissons l’option racourci du raid28 avec l’espoir d’arriver tous les cinq.

Et c’est reparti pour de longues et interminables lignes droites le long des champs beaucerons. Heureusement que notre capitaine nous fait régulièrement des gâteries : quel bonheur cette tranche de saucisson sec ! Et ce morceau de chocolat aux amandes salées, quel plaisir. Merci Eric, tu nous as tous motivés et relancés quand il le fallait.

La coup de bambou, c’est après le PC 7, toujours les mêmes chemins, pas le moindre petit arbre ou petit virage à se mettre sous la patte, c’est long, très long. Au prochain PC, Sylvie et Fanfan nous attendent pour nous remonter le moral, mais ce PC, il recule à chaque foulée. Pas la moindre balise pour nous distraire, le moral en prend un grand coup. Je ne parle plus, toute mon énergie est concentrée à mettre un pas devant l’autre. Le moral chute et la fatigue augmente, je compte par série de dix foulées et je souffle trois grands coups pour évacuer les idées noires. Heureusement qu’il y a 4 grands gaillards que je ne veux surtout pas décevoir. Dans ma tête, il ne reste plus que 15 km, alors j’avance en trottinant puis en marchant. J’ai moins mal en courant alors je repars en comptant des séries de 30 foulées. Enfin, le PC 8 est là ! Fanfan et Sylvie sont là, c’est énorme, le plaisir que ça fait. Quelle chaleur quand elles nous prennent dans leurs bras ! Merci les filles. Il faut repartir tout de suite, nous sommes la deuxième équipe à pointer pour le 75 km. Les bénévoles nous encouragent à rattraper l’équipe précédente, la féminine est blessée. Et là, un coup derrière la nuque, on m’annonce 18 km, J’ai envie de pleurer. C’est fou ce que 3 ou 4 km supplémentaires peuvent paraître insurmontables lorsqu’on en a fait déjà 70. On repars, et là, pas question d’abandonner. Eric et Phiphi sont toujours frais et vont à la recherche de toutes les balises vertes, ils gambadent partout, c’est incroyable. Je paye une erreur d’alimentation sur les premières heures de la course. Je suis en hypoglycémie et malgré l’envie de vomir je m’oblige à avaler les gels magiques qui collent au palais mais vous donnent du punch instantanément. Lucky Luc est fatigué mais cherche à garder toujours le même rythme car relancer la machine après un arrêt, c’est encore plus douloureux. Toujours calme et de bonne humeur notre Lucky. Luc L’orient. ne sait plus s’il doit courir ou marcher vite, pas 1 cm2 qui ne soit pas douloureux. Malgré tout, il relance quand je passe à ses côtés en toutes petites foulées. Ces derniers km sont durs mais nous sommes partis à 5 et nous arriverons à cinq. Pas question d’abandonner mes 4 grands copains!

Et là, oh merveille! On m’annonce Béville le Comte. C’est l’arrivée, c’est FanFan et Sylvie qui courent à notre rencontre, c’est Loïc qui arrive avec l’appareil photo, les enfants de Lucky qui lui prennent la main, c’est la famille Chuberre qui arrive en 4X4, c’est enfin le passage de la ligne d’arrivée main dans la main. On a réussi. Comme par magie, plus de douleurs, de la fatigue mais tellement de bonheur. Merci les gars pour cette belle aventure, merci pour toutes les belles images qui me reviendront régulièrement à l’esprit. Et puis BRAVO et encore BRAVO !

Au bilan, nous avons parcouru 85 km et nous sommes arrivés à 15h42. Sur le forum du raid 28, il y a des discussions houleuses au sujet du classement. Nous sommes 9 ième sur 34 équipes au départ. Tout le monde dans l’équipe est heureux, tout le monde est allé au-delà de ce qu’il pouvait donner et ce pour l’équipe. C’est ça notre podium à nous.

A vos basckets, filles et garçons du CIVC, c’est une belle aventure qui vous tend les bras

Nicole