Cet été, l’un de nos CIVCiens et membre du comité, a participé à un Trail autour du Mont Blanc. Philippe, va tout vous raconter pour vous faire vivre la course avec lui. Attention… C’est parti!

Sur les Traces des Ducs de Savoie (TDS aussi appelée Tu Dois Survivre!!!) Millésime 2017.

Mon histoire avec la TDS commence en 2010. Inscrit sur la course avec Pascal Leproust, la course avait été annulée en raison des conditions météo éxécrables. 

EN 2016

Après un tirage au sort favorable, en 2016, en compagnie de Mathilde Leproust et d’Yves Chevalier, j’ai pris le départ de la course avec cette fois-ci une météo excellente mais une température qui a dépassé 36°C dans l’après-midi à notre passage à Bourg-Saint-Maurice.

Tandis qu’Yves échappait aux embouteillages en zappant le premier ravitaillement, Mathilde et moi avons perdu pas mal de temps dans les premiers 20 km de la course (ici le récit détaillé de Mathilde). Nous avons poursuivi ensemble la route jusqu’au Cormet de Roselend (km 68) où j’ai abondonné. Je n’avais pas réussi à m’alimenter correctement en raison de la chaleur et même au ravitaillement du Cormet, je n’ai rien réussi à avaler, pas même un peu de soupe. J’ai donc laissé Mathilde partir et malgré mon avance sur la barrière horaire, j’ai rendu mon dossard et profité de la présence de Pascal Leproust pour me faire rapatrier en voiture jusqu’à Saint-Gervais, où Fanfan est venu me récupérer pour rentrer à Chamonix. 

Le lendemain matin, nous sommes allés aux Houches encourager Yves et Mathilde et si j’étais content pour eux de les voir terminer la course (arrivés à ce point de la course, il était évident qu’ils allaient franchir la ligne d’arrivée)  j’ai alors vraiment regretté d’avoir pris aussi rapidement la décision d’abandonner ! Décision que j’ai ensuité ruminé pendant plusieurs semaines, l’idée naissant assez rapidement dans mon esprit de retenter ma chance en 2017.

EN 2017

J’ai été « aidé » dans ma décision par un coup de pouce d’Eric et Sylvie, Pascal et Sylvie (Petit), Pascal et Mathilde (Leproust), Jean-Luc et Annick qui se sont associés pour m’offrir à l’occasion de mon anniversaire (normalement le 26 juillet, mais que nous avons fêté fin septembre) le “pack TDS“, comportant tout le nécessaire pour s’inscrire en 2017. Depuis le trèfle à 4 feuilles pour un tirage au sort favorable, jusqu’au bidon d’eau en poudre, en passant par la barre de céréales et sans oublier les espèces sonnantes et trébuchantes pour payer le prix de l’inscription. 

C’est le genre de cadeau dont on se demande s’il n’est pas empoisonné!!!

J’avais les points nécessaires grâce à la CCC en 2015 et à la fabuleuse aventure du Trail des Cantons début décembre 2016 (n’est-ce pas Mathilde ?). 

Pré-inscrit fin décembre, j’ai attendu fébrilement le 9 janvier le tirage au sort. Et sans aucune surprise, ayant utilisé les pouvoirs magiques du trèfle à 4 feuilles, j’ai été tiré au sort !

Je ne suis pas adepte d’une préparation scientifique avec plan d’entrainement à l’appui, mais j’avais quand même adopté quelques principes : augmenter progressivement la cadence d’entrainement pour arriver à 4 entrainements par semaine, ajouter si possible 1 séance de vélo, programmer un ou 2 week-ends chocs en montagne et …. perdre du poids. Globalement, j’ai réussi à tenir ce programme. J’ai fait pendant plusieurs semaines  4 voire 5 entrainements, j’ai pris le vélo une fois par semaine pendant 6 à 7 semaines pour aller travailller soit 50 km aller-retour et enfin j’ai fait un WE avec Eric et Sylvie dans les Vosges mi-juillet et quelques jours dans les Alpes fin juillet qui m’ont permis de compléter la préparation et de me confronter avec des dénivelés conséquents.

Et enfin, malgré des vacances dans le Gers début août, j’ai réussi à perdre quelques kilos et à oublier les apéros pendant quelques semaines avant la course ! 

Ma préparation mentale, quant à elle,  a été très simple : elle a consisté à me persuader que quoiqu’il arrive, je terminerais la course !!!

LA COURSE
C’est parti pour la TDS 2017

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Lundi 28 août : Départ avec Pascal Leproust en direction de Saint-Gervais après une journée de boulot et déjà des embouteillages pour quitter la région parisienne.

Mardi 29 août : direction Chamonix pour le retrait de mon dossard tandis que Pascal vaque à ses occupations professionnelles sur le Salon de l’Ultra-trail au centre de Cham’ (oui, quand t’es un minimum branché tu dis « Cham’ » et pas Chamonix!!). Puis retour à Saint-Gervais où nous dînons au resto en compagnie d’Yves, d’un excellent risotto qui restera dans les mémoires. Puis dodo de bonne heure. Le réveil va sonner tôt demain matin. 

Mercredi 30 août : c’est le grand jour, et comme le monde appartient aux gens qui se lèvent tôt, je me lève à 2 heures 45, suivi de peu par Pascal qui gentiment interrompt sa nuit pour me conduire aux Houches où j’attrape à 4 heures la navette : Tunnel du Mont-Blanc et Courmayeur. J’arrive assez tôt dans le sas de départ, ce qui me permet d’être bien placé pour le départ. 5 h 45 : briefing, puis musique et enfin à 6 heures pile, le départ. Je démarre assez vite dans l’optique de ne pas être bloqué après le 1er ravitaillement quand le chemin se fait plus étroit. 

Je ne m’y arrête d’ailleurs pas et poursuis en direction de l’Arête du Mont-Favre et le Lac Combal (km15) où se situe le 2ème ravitaillement. Pause rapide, et redémarrage en direction du Col Chavannes où j’arrive avec plus d’une heure d’avance sur mon temps de passage en 2016.

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20170830_100214De belles brèches dans les nuages offrent de magnifiques points de vue sur le côté italien du Mont-Blanc et notamment sur l’Aiguille Noire de Peuterey. 

Du Col Chavannes, le parcours se poursuit par une descente de 9 km, roulante sur un large chemin. La tentation est grande de brûler les étapes, mais attention aux quadris, on n’est qu’au début de la course et il faut en conserver « sous le pied ». Le sentier remonte ensuite en direction du Col du Petit Saint-Bernard, où on quitte l’Italie pour mettre le pied en Savoie. Ravitaillement à nouveau rapide, mais mon expérience de l’année dernière me dicte de ne pas négliger mon alimentation. 

 

2 bols de soupe, du fromage, du saucisson, des tucs, de la banane viennent apporter un peu de variété à mon régime pâtes de fruits et gels. 

Une longue descente de 14 km, à nouveau assez roulante m’attend pour rejoindre Bourg-Saint-Maurice (km50) que j’atteinds avec toujours une heure d’avance sur mon temps de passage en 2016. 

J’ai la surprise d’y être accueilli par Michel et Claudine Martinoli. « Coach » Michel me félicite et me conseille de ne pas m’attarder au ravitaillement ! Je prends quand même 15 minutes pour refaire le plein de ma poche à eau et pour manger. A la sortie, l’organisation procède à un contrôle systématique des sacs et il nous faut donc arborer la veste étanche, les deux frontales et leurs jeux de piles de rechange ainsi que la couverture de survie, qui constituent une partie du matériel obligatoire (ce qui ne me semble tout à fait justifié au regard des conditions météo que l’on peut affronter sur ce type de courses). 

A la sortie du ravitaillement, Michel m’accompagne pendant quelques centaines de mètres et me prodigue ses judicieux conseils. Certains disent que c’est à partir de ce point que la course commence vraiment : on attaque en effet une montée de près de 2000 mètres de dénivelée qui mènent les coureurs au fameux Passeur de Pralognan. Peu avant de le franchir, une averse se déclenche m’obligeant à enfiler la veste étanche que je ne quitterais finalement plus jusqu’à l ‘arrivée. Mon avance me permet de franchir le col et surtout d’entamer la descente de jour. C’est le passage le plus technique du parcours. La début de la descente est équipée de cordes fixes et malgré cela, quelques coureurs au pied peu montagnard hésitent avant de se lancer. J’en profite pour en doubler quelques uns et je rejoins le ravitaillement du Cormet de Roselend.

J’avais prévu de m’y arrêter pour dormir 20 à 30 minutes, mais en raison du bruit et de l’inconfort, je me suis allongé seulement 10 minutes après avoir mangé un peu et je suis reparti en direction du col de la Sauce et du hameau de la Gitte. Au détour d’un lacet, je m’étends dans l’herbe et je prends 10 minutes de repos, au calme et sous le ciel étoilé ! 

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Il est un peu plus de minuit quand j’atteinds le hameau de la Gitte où un beau feu de bois nous accueille. Une chaleur qui fait du bien : le vent s’est levé et la température a baissé. 

Je poursuis mon chemin en direction du Col du Joly, qui marque le passage de Savoie en Haute-Savoie. Je laisse derrière moi le Beaufortain pour descendre dans le Val Montjoie. Il est bientôt 4 heures du matin quand je commence la descente vers les Contamines où Pascal a promis de m’attendre (décidemment, il est adepte des nuits courtes!). J’y arrive vers 6 heures et Michel s’est joint à Pascal pour m’y accueillir. C’est vraiment un réconfort de voir des visages connus au long du parcours, et surtout à ce moment-là, juste avant le lever du jour !

C’est en leur compagnie, sur le large chemin qui quitte les Contamines,  que je repars en direction de la dernière grosse difficulté du parcours, le Col du Tricot. Après quelques centaines de mètres, je poursuis seul, je passe les Chalets du Truc, puis redescends vers les Chalets de Miage (km100) où la pluie s’invite.  J’amorce la grande montée du Col :  600 mètres de denivelé sur 1.5 km. Lentement mais sûrement, je monte sachant que passé ce col, je suis presque certain de terminer la course.

Mais la pluie qui redouble d’intensité rend le terrain extrêment glissant, d’autant plus que plusieurs centaines de coureurs sont déjà passé avant moi et n’ont pas pris la peine de s’essuyer les pieds !

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Descente vers le torrent, passage de la passerelle et remontée vers Bellevue. 

Pour atteindre les Houches, il reste 5 km de descente dont une bonne moitié sur un sentier assez raide et glissant en forêt, puis une deuxième moitié sur une route forestière et enfin une route goudronnée. Yves et Valérie sont là sous une pluie battante à me guetter pour m’encourager. 

Dernier ravitaillement rapide et je repars pour les 9 derniers kilomètres. 

En approchant du centre ville de Chamonix, comme tous les coureurs, je suis applaudi et encouragé par les spectateurs qui malgré la météo (il pleut depuis au moins 5 heures) sont là. C’est avec une grande émotion que j’aborde les quelques centaines de mètres qui me séparent de l’arche d’arrivée. Pascal m’y attend pour immortaliser cet instant, rejoint peu après par Yves et Valérie. 

Je suis tellement content d’avoir relever ce défi que je ne sens même pas la fatigue malgré les presque 31 heures de course. 

Merci à tous ceux et celles qui m’ont aidé dans cette aventure : Fanfan, bien sûr qui m’a soutenu tout au long de la préparation et à distance pendant la course, Pascal, pour le soutien (logistique) qu’il m’a apporté ; Pascal encore, Michel, Claudine, Yves et Valérie pour leur présence au bord du chemin, et toute la troupe que je tiens pour responsable de cette folie : Eric, Sylvie, Pascal, Sylvie, Pascal, Mathilde, Jean-luc et Annick !